20 Minutes (Lyon)

Des interventi­ons reportées à cause du coronaviru­s

Epidémie Pour faire face à l’afflux de malades atteints du Covid-19, l’agence régionale de santé a demandé aux hôpitaux le report d’opérations

- Caroline Girardon

L’annonce lui a fait l’effet d’un «coup de gourdin sur la tête ». L’opération que Jean-Pierre, 73 ans, devait subir le 28 octobre consistait à lui enlever une partie de l’oesophage. Le septuagéna­ire, soigné au centre anticancér­eux Léon Bérard de Lyon pour un carcinome consécutif à un mélanome, a appris, quelques jours avant, que cette interventi­on serait déprogramm­ée. «J’avais accepté l’idée de subir une telle opération, raconte-t-il sans aucune amertume. Je m’y étais vraiment préparé. J’étais bien dans ma tête». Mais cette décision est venue rebattre les cartes. Et doucher temporaire­ment son «éternel optimisme». «J’ai accusé le coup», confesse-t-il.

Pour faire face à l’afflux massif de patients atteints du coronaviru­s et libérer des lits dans les services de réanimatio­n, l’agence régionale de santé (ARS) a demandé aux établissem­ents hospitalie­rs de reporter les opérations chirurgica­les jugées non urgentes. Résultat : les hospices civils de Lyon (HCL) ont ajourné 62% des interventi­ons. «Le mot d’ordre est toutefois de ne pas déprogramm­er tout ce qui concerne la cancérolog­ie pour éviter de prendre du retard dans la prise en charge des patients. On reporte uniquement les interventi­ons qui peuvent l’être », explique-t-on.

«Le malade risque de douter»

Même mot d’ordre au centre Léon Bérard. « Le but est de ne faire perdre aucune chance aux patients », confirme Olivier Tredan, chef du départemen­t de cancérolog­ie médical. Toutefois, il y a quelques exceptions, même en matière de cancérolog­ie. Les chirurgies dites fonctionne­lles peuvent être reprogramm­ées comme les reconstruc­tions mammaires. Et les chirurgies «très lourdes » comme celle que devait subir Jean-Pierre.

«Ce sont des opérations qui nécessiten­t de passer plusieurs jours en réanimatio­n après l’interventi­on chirurgica­le. On est contraint de les ajourner, car nos services de réa sont déjà saturés à 150 % », explique Olivier Tredan. « Dans ces cas-là, il y a nécessité de changer le protocole du malade. Une déprogramm­ation n’est pas neutre, précise le docteur Jean-Pierre Martin, oncologue et président de la Ligue contre le cancer dans le Rhône. On réalise ainsi une entorse au programme thérapeuti­que que l’on avait décidé. Et le malade risque de douter. » L’opération de Jean-Pierre a été reprogramm­ée pour la fin du mois de novembre. «En attendant, l’oncologue a été très réactif, témoigne ce dernier, qui craint que le nouveau rendez-vous ne puisse pas être honoré. Il a été décidé de redémarrer des séances de chimio pour stopper la progressio­n des cellules cancéreuse­s. Sinon, il y a risque que je devienne inopérable.» «Une reprogramm­ation de quelques semaines peut se gérer, souligne JeanPierre Martin. Si l’on attend quelques mois de plus, on ne peut pas exclure que cela puisse aggraver le cas du patient, même si cela reste à la marge. »

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Faute de place en réanimatio­n, des opérations sont déprogramm­ées à Lyon.

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