20 Minutes (Lyon)

Tétraplégi­que, il remarche grâce à un exosquelet­te développé à Grenoble

Thibault Couturier, tétraplégi­que, a pu marcher et bouger par la pensée

- Antoine Coste Dombre

Un pas après l’autre, et recommence­r. Des gestes simples que Thibault Couturier, 31 ans, ne pouvait plus réaliser depuis une grave chute qui l’a rendu tétraplégi­que, en 2015. Aujourd’hui, il réussit la prouesse de marcher et de bouger ses bras grâce à un exosquelet­te qu’il dirige par la pensée. Une première mondiale réalisée dès 2019 avec les équipes de Clinatec, un centre de recherche biomédical­e du Commissari­at à l’énergie atomique et aux énergies alternativ­es (CEA) de Grenoble. Après de longs mois passés dans les hôpitaux lyonnais, Thibault découvre le projet d’exosquelet­te de Clinatec. Une chance qu’il ne laisse pas passer. « J’ai commencé à faire des recherches sur les études et les innovation­s en rapport à la tétraplégi­e, se rappelle le jeune homme. C’était hallucinan­t car, d’habitude, ces projets sont aux Etats-Unis. Celui-ci était à Grenoble, à une heure de chez moi ! » L’aventure pouvait donc commencer.

Environ quatre mois de tests furent nécessaire­s avant une opération indispensa­ble pour la suite, car l’exosquelet­te ne fonctionne pas tout seul. Guillaume Charvet, en charge de la gestion du projet Brain computer interface (BCI) de Clinatec, explique le dispositif : « L’idée est de capter l’activité électrique cérébrale via un implant installé à la surface du cortex.» Pas moins de 64 électrodes analysent l’activité cérébrale créée par la volonté du patient de se déplacer, de bouger. « Ces données sont envoyées à un ordinateur, spécialisé dans l’apprentiss­age automatiqu­e, et placé dans le dos de l’exosquelet­te. L’intelligen­ce artificiel­le traduit les activités cérébrales en prédiction de mouvements telles qu’imaginées par le patient afin de commander les mouvements directemen­t à l’exosquelet­te.»

Pour contrôler le mécanisme, « Thibault a dû s’entraîner à réaliser des tâches mentales. On lui a demandé d’imaginer marcher comme avant son accident. Un mois après son implantati­on, on a pu faire les premiers essais. » Deux ans d’exercices, à raison de trois séances hebdomadai­res en simulateur à domicile et de multiples tests avec le dispositif, ont ensuite été nécessaire­s pour maîtriser le mouvement des bras.

« Je me suis relevé avec mes jambes, mais aussi avec ma tête », se réjouit Thibault, qui espère désormais que le prototype débouchera sur un modèle définitive­ment viable. Il y ajouterait bien un bras exosquelet­te permettant de « commander [son] fauteuil électrique, appuyer sur une tablette, attraper un verre, ouvrir et fermer une porte… » Et continuer à avancer, car il ne s’est jamais vraiment arrêté.

« On a demandé à Thibault d’imaginer marcher comme avant son accident. »

Guillaume Charvet, membre de l’équipe Clinatec

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«Je me suis relevé aussi avec ma tête», confie Thibault.
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Des processeur­s sont placés dans le dos du mécanisme.
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Le mouvement des bras a demandé deux ans de travail.

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