20 Minutes (Lyon)

Le Britannia a tout d’un gâchis architectu­ral

Archimoche ? « 20 Minutes » s’intéresse aux bâtiments qui ne laissent pas indifféren­t. A Lyon, on a choisi de vous parler de la Part-Dieu

- Caroline Girardon

A côté de bâtiments faisant la fierté de la capitale des Gaules, surgissent parfois des curiosités ayant la particular­ité d’avoir très mal vieilli. Nous avons fait le choix de nous intéresser au Britannia, en plein coeur de la Part-Dieu. « Avec ses 40 000 m², il est le plus grand immeuble de bureaux de la région », expose Olivier Montillet, de l’associatio­n Cybèle qui organise des visites insolites de Lyon et qui vient de lancer les Cymoches, visites des bâtiments les plus laids.

Fruit d’une coopératio­n commercial­e entre la France et la Grande-Bretagne, le Britannia a été inauguré en 1974 après deux ans de travaux. Doté de 12 étages et de larges façades grises dignes des constructi­ons soviétique­s, l’immeuble adossé au centre commercial de la Part-Dieu en impose tant par son aspect massif que par son manque de charme. Quant aux espaces verts, ils se résument à des massifs de cactus… en béton ! « L’architectu­re du quartier suscite souvent le débat mais ce bâtiment-là est particuliè­rement affreux. Il n’a ni goût ni grâce », rigole Olivier Montillet. Comme le symbole d’un projet qui a viré au fiasco.

« Au début des années 1960, Charles Delfante, urbaniste de Lyon, avait une tout autre idée pour la ville », raconte notre guide. A l’époque, l’Etat veut décentrali­ser et doter les grandes métropoles de centres décisionne­ls capables de contrebala­ncer Paris. A Lyon, le maire Louis Pradel demande à l’architecte d’imaginer un nouveau centrevill­e à la taille de la région. Et le choix se porte sur la Part-Dieu. « Le VieuxLyon, crasseux et sombre, n’avait pas bonne réputation et la Presqu’île avait mal vieilli, rappelle Olivier Montillet.

A la Part-Dieu, il y avait l’immense caserne militaire des Cuirassier­s.» Un terrain de 28 ha que la ville a acquis en 1960.

«Un sacré gâchis»

«L’idée était d’y implanter des logements, de nombreux espaces verts, de construire une rue commerçant­e qui aurait relié l’est et l’ouest du quartier, d’harmoniser l’urbanisme, poursuit le membre de l’associatio­n Cybèle. Mais ça va partir dans tous les sens et ce qui va aboutir n’aura plus rien à voir avec le projet initial. » Problèmes administra­tifs, subvention­s qui tardent à être versées, militaires peu pressés de partir… Le terrain va se vendre par lots. « Chaque propriétai­re, suivant son propre intérêt, va faire un peu ce qu’il veut sans tenir compte des règles imposées par Delfante. Au fil des années et des constructi­ons, la vision d’ensemble du projet va se perdre pour aboutir à un sacré gâchis », conclut Olivier Montillet.

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Le Britannia a été intégré à une visite des bâtiments les plus laids.

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