Le beaujolais nouveau arrivera-t-il jusqu’au verre?
Economie La crise du Covid pousse les producteurs à innover pour vendre leur vin
Mercredi soir, les rues de Lyon ont été privées de l’effervescence qui accompagne habituellement la mise en perce du beaujolais nouveau. Une tradition vieille de soixante-dix ans à laquelle les vignerons ont dû renoncer pour la première fois en raison de la situation sanitaire. « On a réussi à passer le premier confinement sans trop de dégâts, souligne Dominique Piron, président de l’interprofession des vins du Beaujolais. Avant mars, on avait pris un peu d’avance sur les ventes. Et puis, lors du premier confinement, la consommation de vin à domicile a été bonne pour notre style de vignoble. » Si bien qu’à fin juin, les ventes de vin étaient quasi équivalentes à 2019. « Collectivement, il n’y a pas trop d’angoisse, ajoute le vigneron. Mais c’est inégal, il y a des situations très difficiles ». Dans nombre de domaines, le reconfinement est venu assombrir le moral des troupes, peu épargnées non plus côté météo. «L’année dernière, c’était la grêle et la sécheresse. Cette année, la vigne a souffert et a manqué d’eau», décrit Julien Bertrand, dont le domaine familial existe depuis les années 1950, à Charentay. Dans cette exploitation, où l’on produit des crus, des beaujolais village, blancs et du primeur, la récolte a été limitée. « On part avec des stocks très bas. Mais c’est une très jolie récolte en termes de qualité, ajoute Dominique Piron. Nous avons moins de vin mais tout ce qui a été embouteillé, nous voulons le vendre. » Inter Beaujolais a multiplié les campagnes de promotion, notamment sur les réseaux sociaux.
Du lard et des huîtres
Au domaine Bertrand, Julien propose des paniers dégustation avec, pour accompagner le primeur, des saucissons, du lard au gène et des huîtres du Cotentin. En 2020, son domaine a vu ses ventes baisser de 40 %. «On vend en circuit court, et tous nos créneaux ont été affectés », confie-t-il. « Mais on y croit, on s’accroche et on fait tout ce qu’on peut pour tenir le choc », ajoute Julien. Un leitmotiv dans le vignoble, où des ventes en drive, livraisons à domicile et accueil dans les domaines sont organisés jusqu’à dimanche soir.