Les plaies du Pays basque repensées
« Patria » suit deux familles lors du conflit entre l’Etat espagnol et l’ETA
Une odyssée aussi exigeante que bouleversante. Canal+ diffuse ce lundi à 21 h Patria, minisérie en huit épisodes, qui suit l’histoire de deux familles basques sur plusieurs décennies. Ces familles sont déchirées par le conflit armé entre l’Etat espagnol et le mouvement séparatiste ETA, responsable de la mort de 829 personnes.
«Plus qu’un livre, Patria a été un ouragan.» El Pais
Série dont on a le plus parlé en Espagne avant son lancement le 27 septembre sur HBO Spain, Patria est l’adaptation du roman du même nom de Fernando Aramburu, publié en 2016. « Plus qu’un livre, Patria a été un ouragan », estime le quotidien espagnol El Pais.
Ce roman, qualifié de « Guerre et Paix du Pays basque » par une partie de la presse espagnole, s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires dans sa version espagnole. Et pour cause, il s’agit du premier récit, récemment traduit en français (aux éditions Actes sud), qui explore des années de plomb du postfranquisme jusqu’en 2011, quand l’ETA dépose les armes, la douleur d’une communauté meurtrie par les oppositions idéologiques, les exactions et le terrorisme.
La sortie de la série sur HBO Espagne, prévue en mai, a été reportée en septembre en raison de la pandémie. L’affiche promotionnelle, qui montre d’un côté la souffrance de la femme tenant le corps de son mari et de l’autre celle d’un homme torturé, nu sur le sol d’un poste de police, a suscité une vive polémique : peut-on comparer la souffrance d’une victime à celle d’un terroriste ? HBO Espagne répond à la controverse avec une déclaration : « Lorsque nous traitons de problèmes complexes dans nos séries, nous nous fions au bon sens de notre public pour les juger une fois qu’ils les auront vus dans leur intégralité. » Patria raconte la violence, les rackets, les menaces, les rancunes, mais surtout les larmes, les plaies laissées par l’organisation séparatiste, qui a écartelé des familles entières et ruiné bien plus de vies que le décompte de ses assassinats. «Les protagonistes de cette histoire choisissent l’un des possibles, pas le seul, bien sûr, mais celui qui peut arrêter le cycle de la vengeance : celui de la réconciliation », explique le créateur de la série, Aitor Gabilondo, dans le dossier de presse. Cette odyssée permet d’aborder la question centrale que pose la saga : peut-on panser les plaies du terrorisme, pardonner, et se réconcilier ?