20 Minutes (Lyon)

Alimentair­e, mon cher skippeur

L’alimentati­on est un point central de la vie des marins pendant trois mois

- William Pereira

Haro sur les idées reçues à propos des habitudes alimentair­es de nos navigateur­s du Vendée Globe. Non, on ne part pas à la pêche à l’espadon à bord d’un Imoca. Mais, oui, on réussit quand même à se faire un tant soit peu plaisir pendant un tour du monde en solitaire et sans escale. Le menu des skippeurs commence à s’étoffer, même si les aliments lyophilisé­s et leur excellent ratio poids à bord/ apports nutritionn­els restent la norme. C’est notamment le parti pris par la Britanniqu­e Sam Davies (Initiative­s Coeur) : «J’ai des plats lyophilisé­s que j’aime bien, je préfère ça que des conserves, ça fait moins de poids à bord.» Mais aujourd’hui, et bien que la société morbihanna­ise Lyophilise & Co approvisio­nne 30 des 33 bateaux en lice – preuve qu’on peut difficilem­ent se passer de la poudre –, on frôle parfois l’indigestio­n au sein de la flotte. Chez Louis Burton (Bureau Vallée), c’est complèteme­nt assumé : «Moi, j’ai carrément pris ce pli-là, de tirer un trait dessus. Au début, je naviguais qu’avec du lyophilisé et, un beau jour, ça a fini par me dégoûter. Je pars avec des plats appertisés, cuisinés et mis sous vide.»

Environ 150 kg de nourriture

Sur une épreuve de trois mois aussi intense que le Vendée Globe, l’apport nutritif intrinsèqu­e d’un régime alimentair­e ne suffit pas à répondre de la bonne santé du skippeur sur la longueur. Le désavantag­e du lyophilisé réside dans sa fadeur, facteur aggravant de lassitude et ennemi du mental. «Ce n’est pas qu’une question de calories ! Il faut aussi ressentir l’envie de manger », abonde Sam Davies. En d’autres mots, l’alimentati­on a une dimension psychologi­que qu’il convient de ne pas négliger pour performer. «Les conditions à bord sont de plus en plus dures, donc, mentalemen­t, c’est important d’apporter plus de confort, qu’il soit matériel ou alimentair­e, pour tenir sur la durée de la course», explique Sébastien Simon (Arkéa-Paprec). « Dans ses sacs, indique Apivia, Charlie Dalin trouvera aussi ce que la nutritionn­iste appelle des “doudous alimentair­es”, qui, grâce au sentiment de réconfort qu’ils apportent, permettent de libérer les enzymes apaisantes et fonctionne­nt comme des boosters. »

Et, au bout du compte, l’actuel deuxième de la course ne s’en sort pas si mal, avec 160 kg de nourriture pour 75 jours de course (la moyenne tourne autour des 150 kg).

Enfin, il n’est pas rare que les proches des skippeurs se permettent de glisser en douce des bonus alimentair­es supplément­aires pour les grandes occasions. « J’ai du vin, du fromage, des smoothies, mais, surtout, j’ai de la chance d’avoir une chocolater­ie comme partenaire, se réjouit Sam Davies. Donc j’ai du chocolat aussi.»

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Bien manger est important pour tenir la distance, psychologi­quement.

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