20 Minutes (Lyon)

La gratuité pour les plus démunis soulève des questions

Politique A partir du 1er janvier, les plus démunis ne paieront plus les transports. Une mesure qui divise les élus de la métropole

- Caroline Girardon

La décision a été votée lundi matin en comité syndical du Sytral. A compter du 1er janvier 2021, les transports en commun de Lyon seront gratuits pour les plus précaires. Entendez par là, les bénéficiai­res du RSA et leurs enfants. Mais aussi les bénéficiai­res du minimum vieillesse, ceux qui touchent l’allocation adulte handicapé et les demandeurs d’asile. Cette mesure « solidaire » devrait concerner 130 000 personnes mais ne s’adresse pas aux demandeurs d’emploi. Par ailleurs, un tarif unique de 10 €, (soit une réduction de 85 %) sera appliqué sur les abonnement­s plein tarif pour les bénéficiai­res de l’allocation de retour à l’emploi, de l’aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d’entreprise ou encore les scolaires boursiers. Ce qui devrait concerner 70 000 personnes supplément­aires.

Si la gratuité a été saluée sur le fond, elle soulève néanmoins de nombreuses questions. « Consciente de la nécessité de venir en aide aux plus démunis », Michèle Vullien, conseillèr­e métropolit­aine centriste, s’interroge sur les conséquenc­es de cette décision. « Allez expliquer au smicard, qui se lève tous les jours pour aller travailler, qu’il ne pourra pas en bénéficier», pointe-t-elle. «C’est un message négatif envoyé aux personnes qui retrouvent un emploi même avec un salaire au plus bas. La première des punitions sera pour eux de payer les transports », abonde Alexandre Vincendet, le maire LR de Rillieuxla-Pape, favorable à un tarif « modique » : « C’est donner de la dignité aux gens.» «Un euro ou un centime symbolique aurait été préférable à la gratuité, qui n’est jamais une bonne chose », surenchéri­t Daniel Valero, maire de Genas et vice-président de la communauté de communes de l’Est lyonnais. « Quid du reste du départemen­t ? », s’inquiète Michèle Vullien, soucieuse aussi de la préservati­on des investisse­ments à venir.

Des millions en moins

« Le coût (entre 10 et 12 millions d’euros pour le Sytral) sera majoré si le nombre d’allocatair­es du RSA augmente. Avec la crise, nous ne pouvons avoir aucune garantie », estime Alexandre Vincendet. « Si l’on rapporte cette somme aux six prochaines années, ce sont entre 60 et 72 millions d’euros en moins. Soit l’équivalent de 4 km de tramway T6 ou l’achat de 120 bus électrique­s », souligne Michel Le Faou, membre LREM du Sytral. « Notre situation financière est saine. Ce geste n’obérera pas notre capacité d’investisse­ment», répond Béatrice Vessilier (EELV). « Avec la crise sanitaire, le Sytral perdra 136 millions d’euros de recettes en 2020. C’est bien plus important que le montant du financemen­t de la gratuité pour les plus démunis », justifie le président EELV de la métropole, Bruno Bernard. Il rappelle qu’il n’y aura pas d’augmentati­on des tarifs en 2021.

 ??  ??
 ??  ?? Des dizaines de milliers de personnes pourraient bénéficier de cette mesure.
Des dizaines de milliers de personnes pourraient bénéficier de cette mesure.

Newspapers in French

Newspapers from France