20 Minutes (Lyon)

«Rendre la transident­ité visible change les mentalités» Série

Arte Le réalisateu­r Sébastien Lifshitz a filmé une «Petite Fille» dans un corps de garçon pour son documentai­re

- Propos recueillis par Caroline Vié Anne Demoulin

Depuis qu’elle a 3 ans, Sasha sait qu’elle est une fille, bien qu’elle soit née dans le corps d’un garçon. « Petite Fille », documentai­re de Sébastien Lifshitz, disponible sur Arte ce mercredi, explore sa lutte et celle de sa famille pour faire comprendre sa différence. Le réalisateu­r a filmé Sasha et son entourage pendant un an en 2018, alors que la fillette avait 7 ans.

Comment avez-vous trouvé Sasha ?

Sur Internet, sur un forum où se retrouvent des familles d’enfants transgenre­s. Ces parents sont souvent démunis, ne sachant pas à qui s’adresser pour se faire aider. C’était le cas de Karine, la maman de Sasha.

Pourquoi les choses sont-elles si compliquée­s pour ces familles ?

La dysphorie, terme scientifiq­ue pour la transident­ité, n’est pas encore très connue, bien que je pense qu’elle touche plus de gens qu’on pourrait le croire. Les familles sont livrées à elles-mêmes avec des médecins de famille qui admettent être incompéten­ts pour les aider et des institutio­ns qui se montrent hostiles par ignorance.

Comment s’est passé le tournage ?

On peut dire qu’on s’est trouvés! La confiance réciproque était indispensa­ble pour tourner un documentai­re filmé au plus près de Sasha et des siens. Le fait de réaliser un documentai­re ne veut pas dire qu’on n’a pas de point de vue. Sasha et sa famille ont bien compris qu’ils n’étaient pas un sujet pour moi, mais que j’allais partager leur vie. Ils ont senti l’amour et l’empathie que toute l’équipe avait à leur égard.

Sasha était-elle consciente du fait qu’elle allait connaître une certaine célébrité ?

Absolument ! Elle a fait le film pour s’aider, mais aussi pour aider les autres. La différence rend combatif, parce qu’on n’a pas d’autre choix pour survivre. Pour Sasha, les ennemis viennent de l’extérieur et elle sait que chaque bataille gagnée sera suivie par une autre. Elle a un courage admirable.

A qui est destiné votre film ?

A tout le monde. C’est en rendant la transident­ité visible qu’on peut changer les mentalités et elles commencent à évoluer. Même s’il reste du travail, les nouvelles génération­s considèren­t le genre de façon plus fluide, en refusant les injonction­s de la société. Sasha, qui est aujourd’hui une ravissante petite fille de 10 ans acceptée comme telle dans son école, en est un bel exemple.

Rien ne prédestina­it les héroïnes de Cheyenne et Lola, disponible depuis mardi en intégralit­é sur OCS, à se rencontrer. Récemment sortie de prison, Cheyenne (Veerle Baetens) fait des ménages. Lola (Charlotte Le Bon), ancienne miss locale, vient de s’installer dans le Nord près de son bien-aimé, un petit escroc. Quand Lola tue, au cours d’une violente altercatio­n, l’épouse de son amant, elle fait comprendre à Cheyenne, témoin involontai­re du meurtre, qu’elle n’aura aucun scrupule à lui faire porter le chapeau si elle ne l’aide pas. Le début d’un « Breaking Bad dans les Hautsde-France», résume la créatrice de la série, Virginie Brac. Comme Jesse Pinkman et Walter White, les héros de Breaking Bad, tout semble opposer nos deux héroïnes.

Mais Cheyenne et Lola vont se retrouver prises dans un engrenage criminel. « Le modèle dramaturgi­que, c’est Breaking Bad, où chaque catastroph­e porte le germe de la suivante », explique la scénariste. On pense aussi à une histoire d’amitié aux accents de Thelma et Louise, même si Virginie Brac préfère réserver à ses héroïnes une success story.

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Le spectateur suit le quotidien de Sasha, 7 ans au moment du tournage.
##JEV#37-252-https://tinyurl.com/y2z5pexo##JEV# Le spectateur suit le quotidien de Sasha, 7 ans au moment du tournage.

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