Le temps des appels d’offres de la LFP est-il révolu ?
La Ligue de football professionnel va devoir réfléchir à la structure de l’appel d’offres qu’elle lancera sûrement à la fin de la saison
Maintenant que l’effet de surprise est passé, on peut le dire sans honte : sous couvert de sauver un foot français au bord de la banqueroute, Canal+ a réussi le braquage du siècle, en achetant la diffusion de la L1 jusqu’à la fin de la saison pour 35 millions d’euros. Cette rustine a le mérite de donner trois mois à Vincent Labrune, le président de la LFP, et au cabinet Clifford Chance pour pondre un appel d’offres moins tortueux, afin de sécuriser les droits du championnat pour la période 2021-2024.
Puisque Amazon a mis le nez à la fenêtre lors de l’appel d’offres infructueux du 1er février, la LFP ne devrait-elle pas réfléchir à en fabriquer un différent, novateur, avec des lots pensés pour pouvoir également satisfaire les nouveaux acteurs des droits sportifs ? Si les trois ou quatre mois qui viennent laissent un peu de marge, les têtes chercheuses de la Ligue seraient bien avisées d’aller voir ce qui s’est fait du côté de la Fédération française de tennis (FFT), qui sort tout juste d’une négociation réussie avec Amazon, lequel a raflé une partie des droits TV de RolandGarros pour la période 2021-2023. « On a eu des discussions en amont avec les potentiels acheteurs pour que l’appel d’offres soit le plus fructueux possible et corresponde au mieux aux besoins et aux demandes, explique le directeur général adjoint, Stéphane Morel. Chez Amazon, ils ont une approche qu’ils qualifient eux-mêmes d’événementielle. On a donc développé un dispositif qui correspond à leurs attentes, car ils ont la nécessité de s’adapter aux nouvelles habitudes de consommation des spectateurs. »
La Ligue nationale de rugby a aussi bricolé un pack à forte tendance numérique, comprenant les droits en quasi-direct, c’est-à-dire des extraits d’actions marquantes pendant les rencontres et des résumés à l’issue des matchs. Un peu à la manière de ce qu’avait fait la LFP en 2018 avec le lot 6 (extraits en quasi-direct), acheté par Free pour 41,8 millions d’euros par an. La dernière étude menée par l’Association européenne des clubs montre d’ailleurs que la génération des 16-24 ans est celle qui s’intéresse le moins au foot et qui, quand elle daigne mater un match, préfère consommer du ballon sans non plus y passer la journée. D’où l’idée de s’adapter à ce nouveau public plus volatil, chose qu’Amazon sait parfaitement faire. « A Roland-Garros, ils vont débarquer avec leurs moyens, leurs propres équipes, pour ajouter un angle parfois plus documentaire, plus “entertainment” », ajoute Stéphane Morel. Vincent Labrune a encore quelques semaines devant lui pour trouver la bonne recette.
« Chez Amazon, ils ont une approche qu’ils qualifient d’événementielle. »
Stéphane Morel, FFT