A fond contre le cancer
Vincent Guerrier et Léa Dall’aglio, couple dans la vie, vantent dans un livre les bienfaits de l’activité physique dans le traitement de la maladie.
Quand ils se rencontrent à l’Ecole supérieure de journalisme de Montpellier en 2016, Vincent Guerrier et Léa Dall’aglio n’avaient pas prévu de consacrer le début de leur vie personnelle ou professionnelle à la question du «sport santé». C’est le destin et la maladie de Vincent, diagnostiqué d’un cancer du système lymphatique en 2016, à l’âge de 23 ans, qui vont bouleverser la vie du couple. Avant même de savoir de quoi il souffrait, cet amateur de course à pied s’est vu contraint d’arrêter toute activité physique. «J’étais très fatigué par les effets secondaires de la maladie, que j’ignorais alors », raconte-t-il. Mais quand le diagnostic tombe, celui-ci n’imagine pas un seul instant rester cloué au lit chez lui durant de longs mois.
Freiné par sa famille, inquiète de le voir vouloir reprendre une activité physique régulière, celui-ci en vient à poser la question à son médecin. « Sur le coup, il est assez sceptique, confie le jeune homme. Il ne m’incite pas spécialement à bouger. » Léa intervient : « Il ne lui dit pas de ne pas en faire, il lui dit qu’il va se rendre compte par lui-même que chaque chimio va être plus difficile à digérer que la précédente et qu’il va être de plus en plus fatigué. » Pourtant, c’est tout l’inverse qui se produit. «On se rend compte très rapidement que Vincent va de mieux en mieux au fil des chimios», témoigne Léa. «Après chaque séance de chimio, j’étais dans le gaz pendant presque une semaine, se rappelle Vincent. Comme une gueule de bois. Et plus je faisais de sport, plus cette sensation désagréable se réduisait. Parfois, ça allait mieux dès le lendemain, parce que j’étais allé faire un petit footing. A la fin de la chimio, je m’alignais sur des courses à pied et je faisais parfois des temps que je n’avais jamais faits avant. Je me sentais moins fatigué, j’avais moins d’effets secondaires. » Le jeune homme a même poussé le challenge jusqu’à boucler le marathon de Lille, en mai 2017. Intrigué par ces résultats, le couple décide alors de creuser la question des bienfaits d’une activité physique adaptée (APA) dans la lutte contre le cancer. « On a été bluffés par le fait que les études sur le sujet existaient depuis les années 1980, explique Léa, journaliste de profession. Et quand on a vu tous les bienfaits que procurait l’activité physique pendant le traitement d’un cancer, on s’est dit qu’on ne pouvait pas garder ça pour nous (lire l’encadré). »
Des risques de cancer réduits
D’un point de vue scientifique, la question ne se pose plus aujourd’hui. «La dernière étude de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) conclut que l’activité physique est un véritable médicament de prévention et de soin des maladies chroniques, sa conclusion est sans appel », indique Valérie Fourneyron, médecin et ex-ministre des Sports et de la Jeunesse. Elle est aussi à l’origine de l’amendement de la loi Santé de 2016 permettant aux médecins de prescrire de l’activité physique à leurs patients souffrant d’affections de longue durée. «Il y a deux chiffres à toujours avoir à l’esprit, embraie Alexandre Feltz, médecin généraliste et adjoint à la mairie de Strasbourg en charge de la santé publique et environnementale. L’activité physique diminue de 30% au moins le risque de contracter un cancer. Et l’APA diminue de 30 à 40% le risque de récidive, c’est énorme. » Le problème, poursuit Vincent Guerrier, « c’est que toutes les avancées ne partent que d’initiatives lancées à l’échelle locale par des professionnels de santé très engagés». Le couple est d’autant mieux placé pour en témoigner que, après son passage au CHU de Caen, l’hématologue du garçon a mis sur pied un programme. «Je me demandais si Vincent allait être capable de supporter la charge d’activité physique, se souvient le Dr Fruchart. J’ai été témoin de ses progrès et ça a permis de mettre en place de l’activité pour les autres patients.»
Vincent a même poussé le challenge jusqu’à boucler le marathon de Lille.