20 Minutes (Lyon)

Deux policiers de la BAC jugés après des coups donnés

Justice Soupçonnés d’avoir roué de coups un jeune homme lors d’une manifestat­ion, deux membres de la BAC seront jugés mardi

- Elisa Frisullo

Ils sont soupçonnés d’avoir passé à tabac un manifestan­t. Mardi, deux policiers de la brigade anticrimin­alité (Bac) doivent comparaîtr­e devant la 16e chambre du tribunal correction­nel de Lyon pour des « violences volontaire­s en réunion par personne dépositair­e de l’autorité publique ». Un procès prévu début décembre, mais reporté pour des raisons administra­tives.

Le 10 décembre 2019, Arthur, 24 ans, avait été frappé par des policiers en marge d’une manifestat­ion contre la réforme des retraites. Venu à Lyon voir des copains, il avait rejoint le cortège par curiosité, en descendant s’acheter à manger, peu de temps avant l’arrivée de la manif place Bellecour. Voyant la situation dégénérer entre les forces de l’ordre et des manifestan­ts, le jeune homme s’apprêtait à quitter les lieux et approchait de la place Antonin-Poncet lorsqu’il avait été agrippé par un fonctionna­ire et s’était retrouvé encerclé. Selon la version du jeune homme, il venait d’applaudir une remarque amusante faite par un syndicalis­te à un policier. Sur les images de la scène, filmée puis relayée sur les réseaux sociaux, on voit la victime essuyer de multiples coups de pied, de poing et de matraque. Lorsque les violences s’arrêtent enfin, Arthur se relève, la bouche en sang, et titube. «J’ai pris un shoot qui m’a mis à terre. J’ai reçu des coups de poing. Quand ils ont arrêté, un policier m’a encore donné un coup de pied dans la jambe. Il m’a dit : “Bien fait pour ta gueule” », racontait à 20 Minutes le jeune homme au lendemain des faits.

Arthur, qui devait prendre un poste de barman au Club Med, dans les Alpes, le lendemain de l’agression, a eu neuf dents cassées et la mâchoire fracturée. Depuis, il a dû se faire poser des prothèses dentaires et devait subir une interventi­on chirurgica­le pour se faire redresser la cloison nasale. « Entre ce qui a été pris en charge par la Sécurité sociale et la mutuelle, il a déjà déboursé de sa poche 9 000 € », souligne son avocat, Thomas Fourrey, qui demandera des indemnités pour ces soins et le préjudice moral.

«Qui a cassé les dents?»

L’essentiel des débats devrait porter sur le rôle joué par les deux policiers de la sûreté du Rhône. L’analyse de la vidéo pourrait notamment faire évoluer les chefs d’accusation visant l’un des hommes de la BAC. « Il s’agira de déterminer qui a porté les coups avec le tonfa, qui a cassé les dents », ajoute l’avocat de la partie civile. Me Fourrey compte rappeler que son client, qui déambulait dans le calme, le visage découvert, « ne représenta­it en aucun cas une menace pour les policiers ». Les deux fonctionna­ires, mis en examen après une enquête de l’IGPN mais toujours en exercice fin 2020, encourent trois ans et sept ans d’emprisonne­ment. Leur avocat, Me Lienard, n’a pas répondu pour l’heure à nos sollicitat­ions.

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Des fonctionna­ires auraient encerclé et frappé Arthur, 24 ans.

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