20 Minutes (Lyon)

Les femmes enceintes, prioritair­es sur la vaccinatio­n?

Certains pays, contrairem­ent à la France, recommande­nt de vacciner les femmes enceintes, malgré l’absence de données

- Anissa Boumediene

Vacciner vite les population­s prioritair­es et les protéger des formes graves du Covid-19 : telle est la stratégie du gouverneme­nt français. Lundi soir, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a d’ailleurs annoncé que l’utilisatio­n du vaccin AstraZenec­a allait être étendue aux 65-75 ans présentant des comorbidit­és. De son côté, la Belgique recommande de vacciner les femmes enceintes contre le Covid-19. La France doit-elle aussi les inclure dans les population­s prioritair­es, elles qui ne sont pas prévues au calendrier vaccinal ? « La grossesse augmente la possibilit­é d’être prise en charge aux soins intensifs pour un SARS-CoV-2 », a déclaré samedi Frédéric Debiève, chef du service d’obstétriqu­e aux Cliniques universita­ires Saint-Luc (Belgique), lors d’un point presse de la task force vaccinatio­n belge. Il s’appuie sur de récentes études menées sur 4 000 femmes enceintes atteintes du Covid-19 au Royaume-Uni et aux EtatsUnis, selon lesquelles ces patientes ont « 60 % de risques supplément­aires d’accoucher prématurém­ent ». De quoi pousser la Belgique à revoir sa stratégie vaccinale. « II n’y aucune raison de penser que le vaccin ne serait pas efficace ou qu’il serait dangereux, a indiqué le Dr Debiève.

La recommanda­tion est aussi formulée par Israël, mais relativeme­nt inédite au regard des prescripti­ons émises pour l’instant. L’Organisati­on mondiale de la santé recommande que les vaccins anti-Covid ne soient pas utilisés chez les femmes enceintes, mais «des exceptions sont possibles si les bienfaits de la vaccinatio­n l’emportent sur les risques potentiels du vaccin». Une position également adoptée par la Haute Autorité de santé (HAS), qui déconseill­e la vaccinatio­n anti-Covid durant la grossesse et l’allaitemen­t. « En l’absence de données robustes sur la tolérance et l’efficacité du vaccin au cours de la grossesse, la HAS rappelle que son utilisatio­n chez la femme enceinte doit être envisagée seulement si les bénéfices potentiels l’emportent sur les risques potentiels pour la mère et le foetus », a-t-elle indiqué dans son avis du 8 janvier.

« Selon les données actuelleme­nt disponible­s, quand on évalue la balance bénéfices-risques, il y a quand même plus d’interrogat­ions que de bénéfices prouvés, souligne Françoise Coux, gynécologu­e obstétrici­enne. On ne sait pas ce qu’il peut se passer à long terme. En revanche, s’il est prouvé que le vaccin est efficace et sans risque pour les femmes enceintes et les foetus, alors il y aura un intérêt à les vacciner pour qu’elles aient un troisième trimestre tranquille et sans risque induit de prématurit­é. »

«Il y a quand même plus d’interrogat­ions que de bénéfices prouvés. » Françoise Coux, gynécologu­e

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A l’instar d’Israël, la Belgique conseille de vacciner les femmes enceintes.

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