Un «budget genré» au programme de la municipalité
Politique La municipalité doit voter son premier budget «genré», afin de favoriser l’égalité homme-femme. Ce qui serait inédit en France
Malgré le contexte sanitaire, la ville de Lyon célébrera ce lundi la journée internationale des droits des femmes autour d’une thématique : la ville a-t-elle un genre ? La municipalité s’apprête d’ailleurs à faire voter, le 25 mars, le premier « budget genré » de son histoire. Ce qui serait inédit en France. Qu’entend-on par là ? Et quels changements attendre ?
La pratique de la « budgétisation sensible au genre », apparue dès 1984 en Australie, permet d’analyser plus finement, dans chaque organisation, à qui profite réellement l’argent dépensé. Et s’il « favorise autant les femmes que les hommes », complète Florence Delaunay, adjointe à la mairie de Lyon en charge des droits et égalité. La municipalité prévoit d’y consacrer 700 millions d’euros. Et de procéder, dans un premier temps, à un état des lieux.
« Nous allons examiner toutes les lignes du budget de la ville », poursuit l’élue. Les attributions de marché, les subventions accordées aux associations ou établissements culturels, les dépenses, les investissements, l’argent consacré à la formation et à l’éducation… Tout sera donc passé à la loupe afin de procéder à des ajustements. «Il ne s’agit pas de couper les subventions à des associations qui accueilleraient trop de garçons mais de trouver des solutions pour favoriser la mixité en modifiant, par exemple, les créneaux d’occupation des équipements sportifs », clarifie d’emblée Florence Delaunay. Ou en mettant en avant des sportives de haut niveau afin de «lutter contre les stéréotypes de genre ». En repensant aussi les cours de récréation dans les écoles. Faire davantage de place aux femmes dans la ville passe également par l’aménagement urbain, avance l’élue : « Cela ne veut pas dire peindre les murs en rose et mettre des marguerites dessus. Les aménagements genrés, ça ne se voit pas. C’est travailler sur les mobilités, le harcèlement, la présence dans l’espace public, l’utilisation des parcs et équipements sportifs». Et de citer en exemple les espaces de « street work out », implantés sur les berges du Rhône et « majoritairement fréquentés par les hommes ». Trois expériences ont déjà été menées et feront l’objet d’une évaluation dans les quartiers de Moncey-Voltaire, Mermoz-Sud et sur le square des marronniers à la Duchère. D’autres projets de plus grande ampleur sont à venir comme le réaménagement de la place Gabriel-Péri.
« Adopter un budget genré, ce n’est pas peindre tous les murs de la ville en rose.»
Florence Delaunay,
adjointe à la mairie de Lyon