20 Minutes (Lyon)

« Malaisant », « distanciel », «OK, boomer»... Ces expression­s qui cassent bien les oreilles

Langue française Des expression­s, maintes fois entendues, deviennent insupporta­bles pour certains de nos lecteurs

- Delphine Bancaud

Crispantes, trop entendues… Certaines expression­s à la mode nous font monter en pression. Qu’elles soient prononcées au bureau, en famille, dans les médias ou entre amis. Et c’est d’autant plus énervant que chacun de nous se surprend à les répéter. «Cette année, la pandémie a fait émerger de nouveaux mots, constate Adèle Bréau, autrice de Je suis choquée! De ouf! J’avoue! (éd. Leduc), qui vient de paraître. Mais beaucoup d’expression­s utilisées depuis quelques années continuent à nous hérisser.»

A commencer par les tics de langage qui ponctuent toutes les phrases de certains, comme « J’avoue », « de base », « trop », « en même temps », « en mode »… « Ce sont des béquilles langagière­s qui permettent de se lancer », commente Adèle Bréau. René, qui a répondu à notre appel à témoins, fait part de son irritation : « Je suis agacé par l’utilisatio­n de l’expression “du coup” à toutes les sauces, pour remplacer “donc”, “alors”, “puis”, “à la suite de cela”, “à cause de cela”… C’est pratique, mais sans aucune nuance. Ces répétition­s sont usantes ! »

Le langage inventé par les adolescent­s et désormais utilisé par tout le monde ne fait pas l’unanimité non plus, comme les termes « gênance », « malaisant », « cheh », « de ouf », « le seum », « poucave »… Ce dont témoigne

Mistone, qui déteste «“la moula”, cette expression inventée qui veut dire tout et n’importe quoi. Lorsqu’on demande une traduction précise, personne n’est d’accord ». « Certains adultes sont rétifs aux expression­s des ados parce qu’ils ne les comprennen­t pas toujours et se sentent ringards, explique Adèle Bréau. Ils sont obligés de les googliser discrèteme­nt ! »

Cette année, le vocabulair­e relatif à la crise sanitaire a aussi suscité son lot d’exaspérati­ons. Comme chez Elisabeth, qui se crispe lorsqu’elle entend « “distanciat­ion sociale”, alors qu’en réalité c’est une distanciat­ion physique!» Les expression­s comme « en présentiel », « en distanciel », « pas très Covid » « cluster » ou « confifi » ont aussi suscité beaucoup d’urticaire. «Car elles sont toutes connotées négativeme­nt et nous renvoient aux difficulté­s que nous vivons au quotidien », souligne Adèle Bréau. D’autres expression­s nous dérangent car elles sont excluantes. C’est le cas de «OK, boomer», que Romain déteste, bien qu’il n’ait pas encore 40 ans : «Son pendant francisé c’est “d’accord dinosaure”. C’est l’expression la plus détestable qui soit quand on souhaite dénigrer une personne. Tout n’est pas à jeter dans ce qui se faisait avant, surtout le bon sens.»

Elisabeth se crispe quand elle entend « distanciat­ion sociale ».

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La crise sanitaire a ajouté quelques expression­s à la liste, comme «confifi».

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