20 Minutes (Lyon)

Vers un vrai contrat de travail pour les détenus

La Chanceller­ie prévoit l’instaurati­on d’un contrat de travail pour les prisonnier­s

- Hélène Sergent

La réforme était attendue depuis longtemps. Jusqu’ici liés par un simple « acte d’engagement » avec l’administra­tion pénitentia­ire, les détenus qui travaillen­t en prison pourront bientôt bénéficier d’un contrat. Invité dimanche soir de l’émission « Zone interdite », sur M6, le ministre de la Justice, Eric DupondMore­tti, a annoncé la création à venir d’un statut de « détenu travailleu­r ».

Réduire les inégalités

Intégrée au futur projet de loi « Pour la confiance dans l’institutio­n judiciaire », qui doit être présenté à la mi-avril, cette dispositio­n vient clarifier un cadre flou et très éloigné du droit du travail qui prévaut à l’extérieur. «L’idée, c’est de mettre en place un vrai contrat de travail pour que l’écart entre le droit du travail et le travail en détention se réduise, indique le ministère à 20 Minutes. Ce contrat pourra donner accès à des droits. En contrepart­ie, la personne détenue prendra des engagement­s par rapport à cet emploi. » En encadrant davantage et en clarifiant les conditions de travail en prison, le ministère entend « favoriser l’implantati­on des entreprise­s en détention ». Pour accompagne­r ce changement, un label, PePs, a été lancé en septembre pour valoriser les entreprise­s qui produisent en détention.

« L’idée – pas totalement fausse – que la prison est un lieu d’exploitati­on où les détenus travaillen­t pour des tarifs relativeme­nt indécents subsiste », analyse Philippe Auvergnon, directeur de recherche au CNRS. Mais, selon lui, la mise en place d’un contrat et l’instaurati­on d’un cadre plus rigoureux pourraient aussi avoir pour effet de «dissuader » des employeurs peu enclins à gérer des salariés détenus. Une analyse partagée par l’Observatoi­re internatio­nal des prisons (OIP), qui plaide pour une politique globale de valorisati­on du travail en détention. « La création d’un contrat de travail est une étape importante, mais ça ne résoudra pas tous les problèmes, estime Cécile Marcel, directrice de la section française de l’OIP. Il est temps de penser le travail en détention dans une optique de réinsertio­n. »

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Un atelier de travail, à la prison de Fleury-Mérogis (Essonne).

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