20 Minutes (Lyon)

Les Petites Cantines régalent avec les restes des étals

Social Le réseau solidaire Les Petites Cantines, lancé à Lyon en 2015, cuisine désormais des plats à emporter avec les restes des étals

- Caroline Girardon

Des effluves de chou-fleur s’évaporent des cocottes posées sur le feu. Penchée sur ses marmites, Julia surveille que les légumes mijotent sans brûler. « Parfois, il m’arrive de me louper. Mais ici, chacun est bienveilla­nt et il y a toujours une astuce pour rattraper le coup », confie en riant cette Lyonnaise de 35 ans. «Ici», ce sont Les Petites Cantines, lancées en 2015 à Lyon. Un endroit où chaque habitant d’un même quartier est invité à venir cuisiner et partager un repas. Depuis l’apparition du coronaviru­s, les établissem­ents ont dû s’adapter. Dont celui de Vaise dans lequel nous nous sommes rendus. Fermées plusieurs mois en raison des restrictio­ns sanitaires, Les Petites Cantines ont rebondi en misant sur les repas à emporter. Et depuis la fin du mois de novembre, elles cuisinent uniquement avec les invendus des marchés. Une grande nouveauté.

L’idée n’aurait pas été réalisable sans l’aide de l’associatio­n étudiante Sens Gaspi, qui est venue proposer ses services pour collecter les restes des étals. «Deux fois par semaine, les forains du marché de Vaise nous livrent tout ce qu’ils n’ont pas pu vendre. Ce qui représente des quantités astronomiq­ues, relève Gabrielle de Bollardièr­e, référente aux Petites Cantines de Vaise. Cela nous permet d’approvisio­nner nos trois cantines lyonnaises et de confection­ner quotidienn­ement, pour chacune, entre 25 et 30 repas à emporter sachant qu’il y a deux services par jour.» Près de 200 repas sont ainsi réalisés chaque jour par les petites mains volontaire­s. «Ce qui nous manque parfois, comme les oeufs ou le beurre, on va l’acheter, poursuit Gabrielle. Et tout ce qu’on ne vend pas à la fin de la journée, on le distribue ensuite aux sans-abri avec l’aide de #PourEux. Malheureus­ement, on n’a pas besoin d’aller très loin. Il suffit parfois de faire 50 m pour croiser une personne dans la rue.»

Un mois d’attente

Sur la table postée à l’entrée de la cantine, les cagettes débordent de salades, poires, avocats, endives, ou encore pommes de terre. Des produits qu’il faut trier. Pour cela, les bénévoles ne manquent pas. La période, dans laquelle la France est plongée depuis un an, a fait exploser les demandes. « Il y a actuelleme­nt un mois d’attente pour venir cuisiner aux petites cantines», révèle Gabrielle de Bollardièr­e. «Beaucoup de convives se sentent seuls, isolés. Certains, sans travail, s’ennuient. Ils ont besoin de créer du lien social. D’autres, qu’ils soient à la retraite ou pas, ont très envie de se rendre utile», souffle Garance Perret, la maîtresse de maison de Vaise qui veille sur tout ce petit monde. Six convives maximum par session. Pas plus, histoire de respecter les normes sanitaires. Les Petites Cantines, qui ont essaimé un peu partout en France, ont récemment été lauréates de la Fondation La France s’engage. Elles recevront une enveloppe de 300000 € sur trois ans qui leur permettra d’agrandir leur réseau.

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Près de 200 repas sont réalisés chaque jour par les volontaire­s.

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