« Tanguy » creuse son nid
Prix immobiliers et chomâge coupent leurs ailes aux jeunes
Quitter le nid pour voler de ses propres ailes semble de plus en plus difficile. Une nouvelle étude de l’Insee rendue publique mardi montre que près de 6 jeunes sur 10, âgés de 18 à 24 ans, habitent encore chez leurs parents (chiffres 2014). Signe inquiétant : les jeunes déjà sortis du système scolaire sont plus nombreux à vivre exclusivement chez leurs parents (65 %) que les étudiants (50 %). Des chiffres qui soulignent leurs difficultés à se lancer sur le marché de l’emploi. « Ils ont des ressources limitées qui ne leur permettent pas de partir ou économisent pour préparer leur autonomie résidentielle », souligne Laurence Rioux, chef de la division études sociales de l’Insee. D’autant que la flambée des prix de l’immobilier dans les grandes agglomérations ces dernières années a créé un obstacle de plus à leur émancipation. L’incertitude quant aux lendemains semble très forte pour les 18-24 ans. En effet, 8 % des jeunes qui vivent chez leurs parents reviennent après être partis une première fois du domicile parental. Dans la majorité des cas, après avoir fini un cycle d’études souvent loin de leur domicile familial, mais malheureusement aussi en raison du chômage ou parce qu’ils occupent un emploi temporaire ne leur permettant pas de louer un appartement. Une situation que ces « Tanguy » pourraient mal vivre puisqu’ils ne l’ont pas choisie, mais dont ils semblent s’accommoder, du moins en surface.
Des avantages en nature
Car, selon l’étude de l’Insee, seulement 1 jeune sur 10 étudiants ou en emploi et habitant chez ses parents ressent un sentiment de privation élevé ; 7 jeunes sur 10 dans ces cas-là se déclarent satisfaits de leurs conditions de vie. Lesquelles permettent de « bénéficier d’aides en nature, comme l’alimen tation, les équipements, la voiture… », analyse Laurence Rioux. Et 88 % des jeunes cohabitant avec leurs parents déclarent aussi bien s’entendre avec eux. Reste que le fait de vivre chez papamaman est vécu forcément plus durement par les jeunes qui sont sans emploi. Ainsi, ils ne sont que 6 sur 10 à se déclarer satisfaits de leurs conditions de vie et 43 % d’entre eux déclarent avoir des difficultés financières. Et, pour eux, avoir enfin leur propre appartement apparaît encore plus comme le graal.
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