Comment les truffes passent à la casserole
Le secret de leur mode de reproduction vient d’être percé
On sait enfin comment la truffe, ce tubercule odorant roi de la haute gastronomie, vient au monde ! Comme tous les champignons, elle est d’abord le fruit des amours de deux mycéliums, un fin réseau de filaments blanchâtres qui court dans les premiers centimètres du sol. Mais
Tuber sp a aussi une vie sexuelle compliquée… Hermaphrodite, la truffe ne peut pas s’autoféconder. L’équipe de Marc-André Selosse, mycologue au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, vient de découvrir qu’elle choisissait en fait son sexe… selon les circonstances !
Grosse compet’
En analysant le patrimoine génétique de 950 truffes, les chercheurs ont pu déterminer où se trouvaient dans les truffières les « pères » et les « mères ». Leurs résultats sont étonnants. Ils mettent en évidence que les truffes résultent de la fécondation entre une « mère » de grande taille vivant plusieurs années et de nombreux petits « pères » qui, eux, meurent au bout d’un an. La femelle doit avoir une taille suffisante pour à la fois donner des spores et fournir la chair de la truffe qui protège les spores, alors que le mâle, toujours de constitution plus faible, ne fournit que des spores. Les chercheurs ont aussi compris comment, au pied des chênes et des noisetiers, mâles et femelles se répartissent un territoire. « Quand une spore éclot à proximité d’un individu de sexe féminin déjà installé, le nouveau mycélium n’a pas d’autre choix que d’adopter le sexe opposé pour avoir une chance de se reproduire », poursuit Marc-André Selosse. Des découvertes qui devraient intéresser les trufficulteurs. Si 1 000 hectares de nouvelles truffières sont plantées tous les ans en France, la production nationale reste comprise entre 40 et 100 tonnes par an quand elle était supérieure à 1 000 tonnes à la fin du XIXe siècle.
Ce vendredi 2 décembre, le numéro de Sciences et Avenir est déjà en kiosques.