Marseille freine l’ascenseur sportif
Le projet de capitale européenne du sport 2017 ne convainc pas les quartiers Nord
Lundi, la mairie a inauguré en grande pompe le nouveau statut de la ville pour 2017 : Marseille, capitale européenne du sport. « Ce titre distingue l’engagement de la ville en faveur du sport comme vecteur d’intégration sociale », se vante la municipalité sur le site de l’événement. La définition colle-t-elle vraiment à Marseille ? L’intégration par le sport commence par le haut niveau, celui qui « donne envie », selon Lionel Maltese, professeur en management du sport. Vu la popularité de l’OM, on pourrait clore le débat ici. Le Stade-Vélodrome réunit cette saison en moyenne 33000 spectateurs par match. « Mais est-ce que l’OM a des relations avec les clubs locaux ? s’interroge l’enseignant. Non. Est-ce que la ville prend le relais ? Non plus. » Depuis l’arrivée de Frank McCourt, la donne change. Le club se tourne vers les familles et montre un intérêt certain pour les clubs amateurs. Pour autant, l’OM n’apparaît quasiment pas dans le projet de Marseille, capitale du sport. Peu mentionnée aussi, la partie Nord de la ville comprend les quartiers les plus pauvres et les plus peuplés. Au sein des associations, autant dire que l’événement fait rire jaune.
« Notre gymnase n’a pas de gardien, alors on fait nousmêmes le ménage. »
Un responsable de club
« On espère que ça aura un impact positif », ose Marion Ricardo, directrice du développement de Marseille Nord Handball. Depuis huit ans, son association, distinguée ce jeudi par le Comité olympique français, a permis à plus de 4000 jeunes de zones défavorisées, comme Kalliste ou les Aygalades, de s’adonner à une nouvelle passion. Mais si elle remercie quelqu’un, c’est avant tout l’Etat, qui a financé pour moitié le projet récompensé. La mairie n’a octroyé qu’1 % de la somme. Une fois l’anonymat garanti, certains responsables se lâchent. Quand les uns pestent de devoir jouer sur des terrains en terre, d’autres errent de piscine en piscine. « Dans notre gymnase, il n’y a pas de gardien, alors on fait nousmêmes le ménage », regrette un club, quand certains doivent amener leur propre papier toilette aux entraînements. « On veut casser l’image des quartiers Nord, mais on ne nous aide pas », constatent beaucoup. Capitale ou pas capitale du sport.