20 Minutes (Marseille)

Une incinérati­on reportée à cause d’un pacemaker

Une famille a mobilisé l’Etat pour respecter la volonté du défunt

- Clément Carpentier

L’histoire de Karine fait froid dans le dos. Depuis le 15 janvier, cette Marseillai­se cohabite avec la dépouille de son père dans la maison familiale: « Quand il s’est éteint, j’ai appelé les pompes funèbres pour qu’il soit incinéré puisque c’était sa volonté. On m’a alors donné une date. » Sauf que quelques heures plus tard, Karine a reçu un nouveau coup de fil. « Ce n’est plus possible ! » lui a-t-on affirmé.

La dérogation est arrivée

Avec sa mère, elle est tombée des nues face à ce refus : « On nous a expliqué qu’il y avait un risque d’explosion du four crématoire à cause du pacemaker que porte mon père. » Et c’est vrai qu’il existe bien un danger, selon le cardiologu­e Franck Mourot : « On enlève maintenant systématiq­uement ce matériel, car il y a déjà eu des incidents. » Face à cette situation, Karine a décidé de se tourner vers les autorités. Elle a même écrit au président de la République. Mais, tout le monde s’est renvoyé la balle alors que les jours passaient. « Personne ne veut écrire ce document officiel car il y a un vide juridique sur les nouveaux pacemakers », selon les pompes funèbres européenne­s de Marseille. En effet, il n’existe aucune ordonnance à ce sujet. L’autre solution envisagée face à ce blocage administra­tif, est d’enlever cette pile du corps du défunt. Mais là aussi, ça coince car cela doit être fait par un médecin légiste, il faut donc, cette fois-ci, une autorisati­on du procureur. Contactée par 20 Minutes, la préfecture des Bouches-du-Rhône ne semblait pas au courant de l’enfer vécu par cette famille, malgré de nombreux e-mails et même un fax envoyé la semaine dernière. Mardi midi, Karine et sa mère ont, enfin, eu des nouvelles des autorités. La dérogation, tant attendue, du ministère de la Santé est arrivée par e-mail. En attendant l’incinérati­on, les pompes funèbres ont installé le corps du défunt sur une table réfrigérée, toujours dans la maison familiale.

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Le défunt va enfin être incinéré.

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