20 Minutes (Marseille)

Les tags sont les meilleurs amis de la reconnaiss­ance faciale sur Facebook

Le réseau social ne cesse d’améliorer ses capacités de reconnaiss­ance faciale

- Annabelle Laurent

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De retour de vacances à Nansles-Pins avec des amis, vous publiez quelques photos et y « taguez » vos proches, par réflexe. Vous permettez ainsi aux amis de vos amis d’y avoir accès. Mais vous rendez aussi service à Facebook : vous ajoutez quelques données à la base déjà astronomiq­ue que détient le réseau social. Et vous lui permettez d’affiner, mois après mois, son système de reconnaiss­ance faciale.

De plus en plus puissant

Le 2 février, Facebook annonçait l’arrivée de Lumos, une nouvelle plateforme qui permet de retrouver une photo même si celle-ci n’a pas été taguée ou identifiée par des mots-clés. Il suffit de la décrire en quelques mots (« chat », « chapeau de paille »). Entraînée sur « plus de 130000 photos publiques, partagées sur Facebook et comprenant des personnes » (environ 350 millions de photos sont envoyées chaque jour), l’intelligen­ce artificiel­le (IA) est capable de reconnaîtr­e les éléments d’une image (lieux, objets, monuments, animaux ou action, comme « une personne qui court »…). « Imaginez que vous preniez un selfie dans un lieu public. Un aéroport ou une gare. Des centaines de personnes sont présentes, certaines font face à la caméra. Devinez quoi : l’intelligen­ce artificiel­le de Facebook vient de les repérer [en reconnaiss­ant leur visage] », écrit Alex Yumashev, fondateur de JitBit et hacker, dans un article du 3 février posté sur Medium : « Facebook est terrifiant ». Certes, les visages repérés dans une foule sont bien plus difficiles à exploiter qu’une photo de profil Facebook.

« Ces données biométriqu­es sont associées les unes aux autres. »

Nicolas Bénoit, avocat

Au-delà de la peur de Big Brother, notre visage (une donnée biométriqu­e) peutil être exploité sans protection ? L’arsenal juridique français est protecteur, mais n’empêche rien dans les faits. La Commission nationale de l’informatiq­ue et des libertés (Cnil) considère que l’utilisatio­n

des données doit faire l’objet d’un consenteme­nt de l’utilisateu­r. Jusqu’en 2012, un outil de Facebook proposait automatiqu­ement les noms des personnes figurant sur vos photos. Il a depuis été désactivé en Europe. Pour l’avocat spécialist­e des nouvelles technologi­es Nicolas Bénoit, « le problème n’est pas tant que l’utilisateu­r donne à Facebook toutes ses photos, mais le stockage de toutes ces données biométriqu­es associées les unes aux autres ». Le tag associe formelleme­nt à un visage le nom d’une personne. Il résout donc le problème no 1 de l’apprentiss­age d’un algorithme : la difficulté qu’il y a d’étiqueter l’immense somme de données qu’il doit analyser. Une fois plusieurs photos d’une même personne récoltées, l’IA peut extraire automatiqu­ement les traits de son visage, sans douter un seul instant qu’Albert soit bien Albert. En attendant que Facebook soit confronté à ses obligation­s, un premier réflexe peut être adopté, celui de ne « jamais taguer » les photos que vous postez.

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Vos tags permettent d’identifier automatiqu­ement quelqu’un sur une photo.

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