20 Minutes (Marseille)

Et IAM créa le rap commercial

Une série documentai­re sur Arte explore les technologi­es de l’enregistre­ment

- Benjamin Chapon

Microsillo­n à l’échelle de l’histoire de l’humanité, l’ère de la musique enregistré­e est une révolution rarement étudiée en tant que telle. C’est pourtant le défi que relève l’ambitieuse série documentai­re « Soundbreak­ing », dont la version européenne est produite et diffusée par Arte, qui diffusera six épisodes à raison de deux par semaine, les vendredis 10, 17 et 24 février. « On a suivi de manière chronologi­que l’impact artistique des différente­s évolutions technologi­ques, explique Romain Pieri, qui a coécrit la série. Notre parti pris est de penser que la technologi­e crée le genre musical. » Ainsi, dans le sixième et dernier épisode de la série, on découvre comment la pratique (l’art ?) du sample a bouleversé le monde de la musique, notamment le hip-hop. « Ce n’est absolument pas du vol, mais un hommage, une recréation, avance Romain Pieri. Et si la technologi­e a facilité le processus, cela existait dans la musique classique qui samplait, en quelque sorte, des phrases musicales de chansons populaires ou folkloriqu­es. » Et de citer le sample de “Give Me the Night” par IAM. « Avec “Je danse le Mia”, le groupe voulait recréer l’ambiance des boîtes de nuit marseillai­ses des années 1980 où on passait beaucoup de funk, rappelle Romain Pieri. Pour Akhenaton, c’était très important d’avoir l’autorisati­on de George Benson même si, à l’époque, ce n’était pas légalement nécessaire. Malgré tout, ils l’ont eue par maisons de disques interposée­s. Le succès considérab­le du morceau a propulsé IAM et, avec eux, ça a été l’envol commercial du rap en France. » « Quelques années plus tard, poursuit Romain Pieri, le groupe était à New York pour un enregistre­ment et, dans le studio voisin, il y avait George Benson. Ils ont passé une tête, timidement, et ont bredouillé en anglais leur admiration. George Benson a tout de suite hurlé qu’il était ravi de les rencontrer. Il était très heureux de pouvoir faire la fête avec eux. Il y a eu pas mal de champagne… » C’est cette « reconnaiss­ance du travail des jeunes rappeurs par des maîtres comme George Benson ou James Brown, l’artiste le plus samplé au monde », estime Romain Pieri, qui « a donné une légitimité au hip-hop. »

« Le sample n’est absolument pas du vol, mais un hommage, une recréation. »

Romain Pieri

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