Et IAM créa le rap commercial
Une série documentaire sur Arte explore les technologies de l’enregistrement
Microsillon à l’échelle de l’histoire de l’humanité, l’ère de la musique enregistrée est une révolution rarement étudiée en tant que telle. C’est pourtant le défi que relève l’ambitieuse série documentaire « Soundbreaking », dont la version européenne est produite et diffusée par Arte, qui diffusera six épisodes à raison de deux par semaine, les vendredis 10, 17 et 24 février. « On a suivi de manière chronologique l’impact artistique des différentes évolutions technologiques, explique Romain Pieri, qui a coécrit la série. Notre parti pris est de penser que la technologie crée le genre musical. » Ainsi, dans le sixième et dernier épisode de la série, on découvre comment la pratique (l’art ?) du sample a bouleversé le monde de la musique, notamment le hip-hop. « Ce n’est absolument pas du vol, mais un hommage, une recréation, avance Romain Pieri. Et si la technologie a facilité le processus, cela existait dans la musique classique qui samplait, en quelque sorte, des phrases musicales de chansons populaires ou folkloriques. » Et de citer le sample de “Give Me the Night” par IAM. « Avec “Je danse le Mia”, le groupe voulait recréer l’ambiance des boîtes de nuit marseillaises des années 1980 où on passait beaucoup de funk, rappelle Romain Pieri. Pour Akhenaton, c’était très important d’avoir l’autorisation de George Benson même si, à l’époque, ce n’était pas légalement nécessaire. Malgré tout, ils l’ont eue par maisons de disques interposées. Le succès considérable du morceau a propulsé IAM et, avec eux, ça a été l’envol commercial du rap en France. » « Quelques années plus tard, poursuit Romain Pieri, le groupe était à New York pour un enregistrement et, dans le studio voisin, il y avait George Benson. Ils ont passé une tête, timidement, et ont bredouillé en anglais leur admiration. George Benson a tout de suite hurlé qu’il était ravi de les rencontrer. Il était très heureux de pouvoir faire la fête avec eux. Il y a eu pas mal de champagne… » C’est cette « reconnaissance du travail des jeunes rappeurs par des maîtres comme George Benson ou James Brown, l’artiste le plus samplé au monde », estime Romain Pieri, qui « a donné une légitimité au hip-hop. »
« Le sample n’est absolument pas du vol, mais un hommage, une recréation. »
Romain Pieri
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