20 Minutes (Marseille)

Pour rejoindre les rangs de Daesh, ils commettent des braquages

De plus en plus de radicalisé­s financent leur départ en zone irako-syrienne par des braquages

- Vincent Vantighem

Ils sont accusés d’avoir retenu en otage une jeune femme enceinte, sous la menace de couteaux et d’un Taser. Le but : que son mari, guichetier à La Poste, vide le coffre des 2000 € qu’il contenait. Mais c’est aussi pour avoir voulu se servir de cette somme afin de se rendre en Syrie que deux hommes doivent être jugés, à partir de ce lundi, par la cour d’assises de Paris. Agés de 26 et 37 ans, ils se seraient rencontrés et radicalisé­s derrière les barreaux.

« En prison, on les appelle les ‘‘islamobraq­ueurs’’, explique Farhad Khosrokhav­ar, sociologue spécialist­e de l’islam en prison*. Depuis qu’il est légitimé par Daesh, le lien entre les bandits et les personnes radicalisé­es se fait plus fréquemmen­t que par le passé. » Un coup d’oeil à la galaxie terroriste suffit à s’en convaincre. Considéré comme l’une des têtes de pont de Daesh, Omar Omsen a braqué plusieurs bijouterie­s de Monaco avant de rejoindre « la terre de Cham ». Un profil similaire à celui des frères El-Bakraoui, qui se sont fait connaître pour des car-jackings à la Kalachniko­v avant de commettre les attentats de Bruxelles, en mars 2016.

Encouragé par Daesh

Mais tous ne sont pas aussi « profession­nels ». « Quand des apprentis djihadiste­s n’arrivent pas à financer leur voyage, ils ont parfois recours à des escroqueri­es ou des braquages, mais leurs méthodes sont bien souvent artisanale­s », nuance Florian Lastelle. Il y a un an, cet avocat a défendu un homme qui avait braqué un restaurant Quick des Yvelines pour se payer un billet d’avion pour la Turquie. « Son arme était factice et il n’y a eu aucun blessé », plaide-t-il encore aujourd’hui. Jugé pour des faits qualifiés de « terroriste­s », son client a été condamné à huit ans de prison. Daesh encourage ses troupes à commettre des braquages pour financer la cause. Mais certains profils basculent aussi pour d’autres raisons. « J’ai défendu un jeune pour des faits de délinquanc­e pendant longtemps, raconte l’avocate Marie Dosé. Après quatre ou cinq passages en prison, il a considéré qu’il n’avait plus d’avenir. Il n’était pas radicalisé, mais il a emprunté une voie terroriste, la seule à lui offrir un but… » Déjà sévère vis-à-vis des braqueurs, la justice l’est encore plus pour ces cas qui cumulent les délits. Récidivist­e, le principal accusé qui doit comparaîtr­e ce lundi encourt ainsi la prison à perpétuité.

* Prisons de France (Ed. R. Laffont)

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Le butin des braquages peut servir à financer la cause de Daesh.

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