J’peux pas, je donne des cours !
Des élèves en école de commerce aident des jeunes défavorisés à faire leurs devoirs
Mélissa est en Troisième à Aixen-Provence. Issue d’un milieu modeste, la jeune fille est une élève timide et en difficulté scolaire. « Combien ça fait 2 x -2 ? ». Derrière de grosses lunettes, le regard de Mélissa se fait hésitant. En ce mercredi, elle doit finir un important devoir de mathématiques. Elle tente : « -2 ? ». D’une voix douce et avec un calme olympien, Marianne rectifie, décortique, explique, réexplique. Petit à petit, les opérations s’enchaînent, et la lourde porte de la division s’ouvre à l’adolescente.
Dispensés de cours
Chaque mercredi, Marianne vient en aide à cette jeune Aixoise, dans la petite salle du Secours populaire. Marianne n’est pas une professeure comme les autres. Agée de 18 ans, la jeune fille est actuellement en première année à l’Ecole supérieure des sciences commerciales d’Angers (Essca), sur le tout nouveau campus aixois.
L’étudiante fait partie des sept volontaires de cette école de commerce qui donnent chaque semaine, et de manière bénévole, des cours de soutien à de jeunes enfants défavorisés. Contre ces douze heures de cours dans le semestre, les étudiants volontaires de l’Essca seront dispensés l’année prochaine d’un cours. Mais ils l’assurent, ce n’est pas cela qui les a attirés. « Je suis de Caen, et quand j’y étais, je rendais visite tous les soirs aux sans-abri, confie Louis, 18 ans, lui aussi en première année à l’Essca. Venir ici, c’est un prolongement de ce que je faisais. »
Les sept enfants soutenus par ces étudiants sont tous des bénéficiaires du Secours populaire. Autrement dit, ils sont membres d’une famille qui vit avec moins de dix euros par jour et par personne, une fois déduits le loyer et les charges. « La demande est énorme, note Gérard Germain, vice-président du Secours populaire d’Aix-en-Provence. Nos bénéficiaires accordent beaucoup d’importance à la réussite scolaire. Ils se disent : “nos enfants ne doivent pas avoir le même parcours que nous.” »