Karrément OK
On le croyait ringard, démodé, kitsch… Mais le karaoké a retrouvé son rythme et s’invite désormais dans les soirées les plus branchées.
Fini les scènes ouvertes glauques dans des bars beaufs, les karaoké box – ces salles équipées pour s’égosiller en toute intimité – ne désemplissent pas. La chansonnette s’invite même au cinéma : après avoir mené la danse aux Oscars, La La Land est ressorti en salles le 11 mars en version karaoké. Comment ce loisir est-il redevenu le summum du cool ? Né au Japon dans les années 1960, le karaoké, machine qui permet de chanter sur la version instrumentale d’une chanson en suivant les paroles qui défilent sur un écran en temps réel, a débarqué en France trente ans plus tard. Popularisé par des émissions télé, il s’est rapidement forgé « une image un peu kitsch », explique Marie Rassat, responsable de la communication de BAM Karaoké Box. Il trouve un second souffle grâce à la cool attitude de Bill Murray dans Lost in Translation de Sophia Coppola (2003). En 2009, Le Baron, ancienne small-place-to-be de la capitale, confie au dandy mondain Mattias Mimoun l’animation de soirées dominicales chantées. Nicolas Ullmann suit avec son « kararocké » au Bus Palladium. Avant que tous les clubs parisiens ne s’y mettent.
Design et intimité
Adoubé par les clubs branchés, le karaoké a désormais ses propres fiefs. Egalement créées au Japon en 1986, les karaoké box ont débarqué en France au début des années 2010. Depuis 2014, deux BAM Karaoké Box se sont ouverts à Paris, un troisième étant prévu pour juin. « Pour réserver une salle un samedi, il faut s’y prendre trois semaines à l’avance », se réjouit Marie Rassat. La clé de ce succès? Du matériel haut de gamme, un immense catalogue, un design soigné, des cocktails raffinés et une intimité préservée. Au Japon, chanter devant des inconnus est inimaginable. Là, « les gens se lancent dès les premières minutes, parce qu’ils n’ont pas honte dès lors qu’ils sont devant leurs amis », résume la responsable de la communication. Le karaoké a aussi tapé l’incruste à la télé et sur le Web. Il a suffi de quelques épisodes pour que la pastille Carpool Karaoke, lancée par James Corden au sein du « Late Late Show », accumule les millions de vues sur YouTube. Et des artistes comme Vald mettent désormais en scène le karaoké dans leurs clips. Le karaoké risque de débarquer dans les festivals. Une marque de bières brésilienne a lancé Copokê, un gobelet qui, grâce à un système de reconnaissance vocale, affiche, sur un petit écran intégré, les paroles des chansons en cours en scène. La voix du karaoké n’est donc pas près de s’éteindre !