Que peut-on s’offrir avec de la monnaie virtuelle ?
Les crypto-monnaies, comme le bitcoin ou l’ether, se développent peu à peu
Pendant le vernissage de l’exposition « AYM », sur l’art de la génération Y, jeudi, les amateurs pouvaient flamber des liasses d’ethers pour acheter les oeuvres. « Ether »? Rien à voir avec la vieille bouteille qui traîne dans l’armoire à pharmacie de vos parents, on parle ici de la monnaie virtuelle que le Web commence à s’arracher. Si tout le monde a déjà entendu parler du bitcoin, l’ether, lancée en 2015, est une challengeuse moins connue. Elle a décroché la deuxième place des crypto-monnaies les plus échangées du marché. Monero, litecoin, dash, zcash… Il en existe plus de 700 (796 selon Coinmarketcap). « Chacune correspond à une blockchain et elles ont toutes des fonctions spécifiques », note Stéphane Loignon, auteur de Big Bang Blockchain,
la seconde révolution d’Internet (Editions Tallandier). « Blockchain » ? Les cryptomonnaies n’étant pas sous le contrôle d’un Etat ou d’une banque centrale, il a fallu inventer une façon de garder une trace des transactions, de manière transparente, sécurisée et décentralisée. Une blockchain est donc l’équivalent des livres de comptes. Les transactions et l’historique sont stockés dans un bloc de données, puis les ordinateurs du réseau sont mis en compétition. Le premier qui valide un calcul complexe approuve la transaction (ce qui peut rapporter de la cryptomonnaie). Le reste du réseau l’examine à nouveau avant de l’archiver. L’historique est démultiplié. La technique, c’est très bien, mais peut-on acheter autre chose que des oeuvres d’art? Comme une pinte de bière ou une pizza ? De plus en plus de sites (Showroomprive, Expedia…), mais aussi de lieux physiques acceptent la monnaie virtuelle. Dans le 2e arrondissement de Paris, le passage du Grand-Cerf est surnommé « bitcoin boulevard » et le Sof’s bar vend une mousse pour une poignée de « coins », le petit nom du bitcoin.
Faire ses crypto-courses
« A l’étranger, c’est très utile si on veut éviter les frais et les commissions, on peut faire des transactions en dehors du système bancaire et beaucoup de Chinois s’y sont mis », souligne Stéphane Loignon. Seul hic : trouver les bons spots. Et pour ça, coinmap.org peut vous servir, le site géolocalise les lieux qui acceptent les monnaies virtuelles. Reste un problème : quelle crypto-monnaie choisir? Pour le quotidien – resto, bar, achats en ligne –, le bitcoin est plus répandu que l’ether. Pour se lancer, il faut créer un petit porte-monnaie virtuel. L’appli de la plateforme de change Paymium, par exemple, permet de payer en bitcoin avec un code-barres dans les commerces. Pour l’ether, on peut ouvrir un compte assez facilement sur myetherwallet.com ou EthereumMist Wallet (plus compliqué). Attention, les cours des crypto-monnaies sont très volatiles. Un bitcoin valait 777 € le 14 janvier, et 1 133 € le 20 avril. Il peut perdre 20 % dans la journée, mais sur le long terme, il est plutôt en augmentation. Contrairement à l’image un peu négative qu’il se traîne, sa blockchain est très difficile à pirater, mais elle est un peu victime de son succès. Chaque bloc peut traiter environ 2 000 transactions et, quand elle est surchargée, elle peut mettre beaucoup de temps à valider l’opération. Qui veut attendre 45 minutes pour payer sa conso ?