20 Minutes (Marseille)

Sur les routes de l’infortune

A l’entraîneme­nt, les cyclistes pros font souvent face aux incivilité­s des automobili­stes

- William Pereira

Qu’il pleuve ou qu’il vente, ils sont toujours sur les routes. Dix mois sur douze, les coureurs profession­nels escaladent des cols raides comme des murs, dévalent des pentes comme des skieurs et avalent des milliers de kilomètres. Le décès tragique de Michele Scarponi, renversé par un van à l’entraîneme­nt, et l’affaire Yoann Offredo, agressé par un automobili­ste dans des circonstan­ces encore floues, viennent mettre en lumière un autre aspect de la vie des cyclistes. Celui du danger auquel ils s’exposent chaque jour sur les routes. « Je suis un coureur plutôt prudent voire trouillard à l’entraîneme­nt, confie Adrien Petit (Direct Energie). La dernière fois, j’ai fait un kilomètre sur un grand axe et un automobili­ste m’a dépassé de tellement près qu’il y a eu comme un appel d’air. » Ce n’est pas un hasard si les coureurs préfèrent rouler sur des routes moins denses et en petits groupes. « J’essaie de m’entraîner tout seul ou en petit comité, pour minimiser les risques », confirme Jérémy Roy (FDJ). Autre ennemi du cycliste, les ronds-points : « La veille de l’accident de Scarponi, je vois une voiture qui s’insère sans se soucier de l’angle mort. Heureuseme­nt que j’ai anticipé et ai eu le temps de freiner, parce que le gars n’a pas tourné la tête », peste Adrien Petit, neuvième du dernier Paris-Roubaix.

Faire de la prévention

A force de sentir des voitures les frôler à vive allure, les cyclistes n’hésitent pas à s’en prendre aux automobili­stes. « Lors de mes premières années, j’avais tendance à gueuler. Maintenant, je ferme ma gueule, confie Adrien Petit. Ce n’est pas vraiment de la résiliatio­n, mais j’ai eu des histoires… » Des voix s’élèvent pour que les coureurs aient le droit de rouler avec une bombe lacrymogèn­e afin de se défendre. Une idée qui ne fait pas vraiment l’unanimité. « Si on a une lacrymo et le chauffeur une batte, on aura des bastons à tous les coins de rue. Ce n’est pas ça le souci », explique Jérémy Roy. Le problème, pour le coureur de la FDJ, c’est que la répression ne suffit pas. « Tant qu’il n’y a pas vraiment d’accident, les plaintes n’aboutissen­t pas. » Et la solution, dans tout ça? « Il faut que le sujet soit mieux abordé à l’apprentiss­age de la conduite », avance Adrien Petit. Mais ce combat ne doit pas seulement être celui des automobili­stes. « Il y a certains comporteme­nts à reconsidér­er chez les coureurs. On est à l’entraîneme­nt, pas en course… », conclut Jérémy Roy.

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Pour Jérémy Roy (à dr.), les coureurs doivent changer leur comporteme­nt.

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