L’exécutif ne veut pas miser sur les mauvais chevaux
L’annonce est arrivée par un communiqué de l’Elysée en début d’après-
midi : « La composition du gouvernement sera annoncée mercredi 17 mai, à 15 h. » La raison? « Introduire un temps de vérification afin que la direction générale des Finances publiques et la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique [HATVP] puissent s’assurer que les personnalités pressenties au gouvernement font l’objet d’une première vérification de leur situation fiscale. » Depuis l’affaire Cahuzac, la loi sur la transparence prévoit une vérification de la situation fiscale et des éventuels conflits d’intérêts des nouveaux ministres. Et ce, dès leur nomination. C’est ainsi que la HATVP avait décelé les symptômes de la « phobie administrative » de Thomas Thévenoud en 2014, ce qui avait entraîné son limogeage neuf petits jours après sa nomination. Emmanuel Macron, lui, demande à la HATVP de le faire en amont, pour « éviter les mauvaises surprises », a précisé Christophe Castaner, député proche du président, sur LCI. « En 24 heures, on ne peut pas faire d’enquête approfondie, mais effectuer une cartographie des risques. Pour schématiser, on est en train de chercher des Thévenoud, mais on ne trouvera pas de Cahuzac », explique à 20 Minutes une source bien informée. La Haute Autorité s’appuie sur des déclarations d’intérêts ou de patrimoine de près de 15 000 élus, mais aussi de responsables publiques, hauts fonctionnaires, conseillers de cabinets ministériels ou dirigeants d’entreprises. « La HATPV peut vérifier si les biens immobiliers déclarés n’ont pas été sous-évalués, regarder les contenus des comptes bancaires en France, voir s’il n’y a pas de dette fiscale... » précise Eric Alt, vice-président de l’association Anticor. Un dialogue peut même s’instaurer en cas de problème : « Il est possible de demander à un futur ministre de déléguer à des tiers certaines fonctions ou la gestion de certains capitaux, s’il y a un risque de conflits d’intérêts. » Comme souvent, il y a une ironie de l’histoire : Edouard Philippe, le Premier ministre qui porte désormais la moralisation de la vie publique promise par le président, a voté contre la loi sur la transparence et même écopé d’un blâme pour avoir refusé de donner des informations sur sa déclaration de patrimoine de 2014.
Ironie de l’histoire, Edouard Philippe a voté contre la loi sur la transparence.