Haneke présente « Happy End »
Happy End, le nouveau film de Michael Haneke, doublement palmé au Festival de Cannes pour Le Ruban blanc (2009) et Amour (2012), a été reçu de façon mitigée à la projection de presse à la veille de la présentation officielle. Cette histoire d’une famille réunit notamment Isabelle Huppert, JeanLouis Trintignant et Mathieu Kassovitz ainsi que des révélations épatantes comme Franz Rogowski et la jeune Fantine Harduin. C’est sur le bateau d’Arte, coproducteur de son film, que 20 Minutes a rencontré le cinéaste. « J’ai peur que les gens soient déçus par Happy End, avoue-t-il, car c’est la première fois que je n’ai pas mis de scène réellement choc. » Bien que la violence graphique soit absente, l’atmosphère pesante, teintée – c’est une première pour le cinéaste – d’une pointe d’ironie cruelle, a fait qu’on entendait une mouche voler dans la salle. « Il s’agit peut-être de mon film le plus subtil, déclare le réalisateur. Il parle de la difficulté de faire face aux choses de la vie. Je n’ai pas ressenti le besoin d’insister. » Michael Haneke ne croit pas à la probabilité de recevoir une troisième Palme d’or. « Je crains que les gens ne disent que je fais toujours la même chose parce qu’Amour les a secoués et qu’ils s’attendent à me voir aller plus loin dans ce sens, soutient-il. Ce n’est pas le choix que j’ai fait. » Ce jeu de massacre fait parfois sourire, mais le plus souvent frémir, quand il parle de la vie et de la mort. « Mon souhait est de faire ressentir quelque chose au public. Ceux qui ont aimé m’intéressent moins que les autres », avouet-il avant de cuisiner son attachée de presse pour qu’elle lui raconte les réactions des critiques.