Mennucci joue la carte du terrain
Dans la 4e circonscription, Mélenchon et Mennucci se livrent un duel à distance
«Monsieur Mennucci, cela fait un an et demi que j’attends un logement social », s’emporte Nathalie. « Le quartier est en décrépitude, il y a plein de rats », déplore Louisette. « Les députés ne votent pas des lois sur les rats. La propreté, cela relève de la mairie, et quand j’étais candidat aux municipales, vous avez bien entendu ce que j’ai dit, non ? », répond le député sortant, candidat PS aux législatives. Pour faire face au candidat Jean-Luc Mélenchon, en tête dans les sondages, Patrick Mennucci a sorti la carte du terrain. Ce mardi matin, quand son adversaire de La France insoumise est retenu à des centaines de kilomètres de là pour soutenir des candidats, le député de la quatrième circonscription va et vient le long du boulevard National. « Je fais une campagne de boutons de veste, c’est-à-dire que je vais voir tout le monde. Mélenchon compare ça aux Témoins de Jéhovah! », plaisante-t-il entre deux poignées de main, tutoyant celui-ci, s’intéressant à l’activité de ce commerçant-là. « Je sais que ce n’est pas gagné pour moi, mais ce n’est pas gagné pour lui non plus. Ma force, c’est de connaître les gens. Je ne sais si ça sera suffisant. Mais il faut que je passe devant En Marche! [et sa candidate Corinne Versini]. »
« Le maire, le député... Une fois arrivés au pouvoir, ils nous oublient!»
Doybou
Devant ses électeurs, le député défend son bilan dans ce quartier cosmopolite, comme avec ce Franco-Algérien à qui il tend « le tract France Algérie ». Celui qui est président du groupe d’amitié parlementaire France Algérie à l’Assemblée nationale promet notamment une loi pour la reconnaissance des massacres du 8 mai 1945. Et même si l’accueil est globalement chaleureux – « Nous, on ne veut pas de Mélenchon, on veut un Marseillais ! » –, le député n’échappe pas au ras-le-bol. « On les voit qu’au moment des élections », soupire Azzedine, attablé à la tasse d’un café, un tract de Patrick Mennucci à la main. « Le maire, le député, c’est tous les mêmes, s’emporte Doybou. Une fois au pouvoir, ils nous oublient ! » Aux deux tours de l’élection présidentielle, l’abstention dans ce troisième arrondissement de Marseille a dépassé les 40 %.