L’embellie moins belle que prévue
Le candidat Emmanuel Macron était optimiste. Pour mener sa réforme de fond, l’instauration d’une retraite « universelle », il s’appuyait sur les projections 2016 du Conseil d’orientation des retraites (COR), qui prévoyait un retour à l’équilibre du système des retraites au milieu des années 2020. C’était sans compter sur les nouvelles prévisions du COR, dévoilées mardi : l’équilibre financier du système des retraites n’est pas envisagé avant… 2040, au mieux. L’argument d’Emmanuel Macron se trouve fragilisé. Déjà, plusieurs voix s’appuient sur ces dernières projections pour demander le report de l’âge légal de départ à la retraite. « Dans l’immédiat, passer de 62 à 65 ans est la seule solution viable », affirme Erwann Tison, chargé d’études à la fondation Concorde. Pour Henri Sterdyniak, économiste à l’OFCE, la solution est loin d’être aussi simple : « Le passage à 65 ans est un faux argument. Les réformes précédentes ont déjà décalé l’âge de départ effectif. » De fait, selon la Caisse nationale d’assurance-vieillesse, « en excluant les retraites anticipées, l’âge moyen [de départ à la retraite] est de 63,2 ans ». Selon Henri Sterdyniak, « le problème principal est le taux de chômage. L’essentiel, c’est d’avoir une politique qui redonne de la croissance. Or, c’est ce que veut faire Emmanuel Macron. Donc, si j’étais lui, je ne me préoccuperais pas des projections du COR. » Le dossier reste sensible : selon L’Opinion, le chef de l’Etat aurait choisi Jean Pisani-Ferry, l’économiste qui avait élaboré son programme, pour « une mission sur la réforme des retraites ».