Les opposants contre-attaquent
Des riverains de l’usine Alteo ont déposé un recours contre un arrêté préfectoral
Nouveau rebondissement judiciaire dans l’affaire des boues rouges. Des riverains de l’usine Alteo de Gardanne ont annoncé mercredi avoir déposé un recours contre un arrêté préfectoral organisant le stockage à terre de boues rouges, résidus de l’extraction de bauxite. Pour rappel, l’usine d’alumine, qui emploie 400 salariés, a rejeté pendant des décennies des « boues rouges » dans la Méditerranée.
Des poussières toxiques ?
Elle a dû modifier ses procédés, séparant et filtrant davantage ses effluents liquides, et a obtenu fin décembre 2015 une autorisation par arrêté préfectoral de poursuivre ses activités, avec un délai pour se conformer totalement aux normes. L’usine garde désormais à terre les boues solides et ne rejette plus qu’un liquide filtré. Des déchets solides dans le viseur des riverains, qui attaquent l’arrêté préfectoral du 21 juin 2016 fixant leurs règles de stockage. Ces poussières sont composées de résidus minéraux dangereux comme l’arsenic, qui peuvent par la suite infiltrer par exemple les nappes phréatiques ou les eaux utilisées par les riverains pour arroser les jardins. « C’est un volume considérable, et tout ça n’a même pas été pensé. L’arrêté du 21 juin est un arrêté pris en catastrophe et catastrophique. On ne transporte même pas la poussière sous le tapis, mais sur le tapis », déplore Me Hélène Bras, avocate des riverains. « Certains riverains se sont vus interdire la consommation des eaux de forage », abonde Olivier Dubuquoy, un des plaignants, après avoir affirmé que les cuves qui stockaient ses poussières n’étaient pas suffisamment hermétiques. « On demande qu’il n’y ait plus d’impact sanitaire. » « La santé publique doit l’emporter sur les facteurs purement financiers », espère Me Bras. Les riverains lancent également un appel à Emmanuel Macron à clarifier sa position sur ce dossier. De son côté, Nicolas Hulot s’est prononcé en faveur des opposants, plusieurs mois avant sa nomination au gouvernement en tant que ministre de la Transition écologique et solidaire.