What the fac?
Amphis bondés, étudiants sans affectation, sélection à l’entrée… Le cocktail est explosif
A l’heure de la rentrée, où les amphis affichent complets et où des milliers d’étudiants sont sans affectation, la crise couve dans les universités. Nombre d’entre elles essaient de trouver des solutions pour s’en sortir.
La cocotte conserve encore sa soupape de sécurité, mais pour combien de temps ? De nombreux étudiants ont fait leur rentrée à la fac, lundi. « Une rentrée ‘‘compliquée et inquiétante’’ », prévient Lilâ Le Bas, présidente du syndicat Unef. Cette année, les universités doivent en effet accueillir 40000 étudiants supplémentaires, contre 32 400 en 2016. Anne Laude, doyenne de la faculté de droit de l’université Paris-Descartes, confirme cette tendance. « Depuis trois ans, on assiste à une hausse de 10 % du nombre d’étudiants en licence », précise-t-elle. Ainsi, elle n’a pas pu anticiper, par exemple, le nombre de chargés de travaux dirigés : « Je ne connais les effectifs étudiants que depuis une semaine. Il a fallu attendre la fin de la procédure d’admissions post-bac ». « Nanterre, Paris-I, Strasbourg, Montpellier et Aix-Marseille », sont particulièrement en difficulté constate Lilâ Le Bas. « Les filières droit, Staps, psychologie, sciences humaines et Paces payent le plus lourd tribut. Les amphis sont bondés », renchérit Jimmy Losfeld, le président du syndicat Fage. Pour compenser ces difficultés, ParisDescartes met le paquet sur l’accompagnement des nouveaux entrants : « On a mis en place un système de parrainage d’un étudiant de L1 (licence) par un étudiant de L2 et nous proposons des ateliers de techniques rédactionnelles pour les aider », informe Anne Laude. A Strasbourg, des enseignements ont désormais lieu le soir et le samedi. Dans d’autres facs, les cours magistraux sont filmés et diffusés simultanément dans plusieurs amphis. Outre ces conditions de démarrage pas évidentes pour les néo-étudiants, il reste encore 3000 bacheliers sans affectation à l’université, selon les derniers chiffres donnés par la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal. D’autres inquiétudes taraudent la communauté étudiante et notamment les concertations entre les organisations étudiantes et le ministère sur les modalités d’entrée dans le supérieur. Et qui pourraient aboutir à la mise en place de la sélection à l’entrée de l’université. Consciente de cette bombe à retardement, Frédérique Vidal a annoncé que le budget du ministère de l’Enseignement supérieur serait augmenté de 700 millions d’euros en 2018. Suffisant pour détendre l’atmosphère dans les facs ?
Des cours magistraux sont filmés et diffusés simultanément dans plusieurs amphis.