Le gouvernement pourrait sortir l’impopulaire écotaxe de sa voie de garage
Le débat sur la taxation des poids lourds refait surface aux Assises de la mobilité, ce mardi
Alors que le Premier ministre Edouard Philippe ouvre ce mardi les Assises de la mobilité, l’équivalent pour les transports des Etats généraux de l’alimentation, le débat sur l’instauration d’une taxe poids lourds refait surface. La ministre des Transports Elisabeth Borne remet elle-même sur le tapis cette mesure suspendue en octobre 2013 après la fronde des « bonnets rouges » avant d’être définitivement abandonnée.
Un milliard d’euros par an Dans les colonnes du Journal du dimanche, Elisabeth Borne explique qu’« il faut réfléchir à des ressources nouvelles comme, par exemple, trouver une façon de faire payer les poids lourds qui transitent par notre réseau sans participer à son financement. » Sans grande surprise, un possible retour de l’écotaxe ravit les associations environnementales. Pour Lorelei Limousin, chargée des transports pour Réseau action climat, la mesure est d’autant plus importante que, depuis 2013, le transport routier a gagné des parts de marchés sur le ferroviaire et fluvial, pourtant moins polluant. « En 2016, les transports sont responsables de 29 % des émissions nationales de gaz à effet de serre, et le transport routier de marchandises représente un quart de ces 29 % », assure-t-elle. Yves Fargues, président de l’Union des entreprises de transport et logistique de France, explique cette tendance par l’inadéquation du ferroviaire et du fluvial aux besoins de flexibilité des transporteurs. « Un train de marchandises sur trois accuse du retard, quand 99 % des camions sont à l’heure. » Cependant, le fluvial et le ferroviaire ne sont pas adaptés à tous les transports de marchandises. « Ces modes de transports sont peu valorisés par rapport à la route, très avantagée fiscalement. Les poids lourds ne paient pas une partie de la taxe sur les carburants et bénéficient de routes gratuites », précise Jean-Baptiste Poncelet, de France nature environnement. L’instauration d’un système type écotaxe remettrait sur un pied d’égalité les modes de transports tout en générant une nouvelle recette pour l’Etat estimée à 1 milliard d’euros par an. Mais comment réintroduire une mesure qui a été si décriée ? Pour Lorelei Limousin, « on pourrait la rendre plus acceptable en ne prenant pas seulement en compte la distance parcourue par les camions, mais aussi les émissions de CO2 de chaque véhicule ».