20 Minutes (Marseille)

Foncez sur Lomepal !

Avec son univers bien à lui, Antoine Valentinel­li, alias Lomepal, 25 ans, commence à se faire un nom dans le milieu du rap. « 20 Minutes » l’a rencontré.

- Maria Aït Ouariane

Avec son rap subtil et son identité visuelle transgenre, Lomepal est le musicien qui excite les bobos depuis quelques mois. Mais pas seulement. Ses vidéos cumulent des millions de vues, et ses titres ont dépassé les 40 millions de streams. Sa tournée d’automne, Flip Tour, affiche complet, mais de nouvelles dates ont été annoncées (lire encadré). Quand on le rencontre, Antoine Valentinel­li, alias Lomepal depuis 2011, mange son poulet frit. « Ça va? Tu pourras retranscri­re, même si j’ai la bouche pleine ? » s’excuse-t-il un peu. On pourrait en tirer une métaphore sur le rappeur qui croque le succès à pleines dents, mais il se foutrait sans doute de nous. Le jeune homme de 25 ans est taquin. A une question introspect­ive, il esquive : « Je me pose pas mal la question… Je n’arrive pas vraiment à répondre à cette question. » A une demande de précision biographiq­ue sur ses débuts dans la musique, il se marre : « Oh, je ne faisais pas de musique à l’époque. J’ai commencé la musique avant-hier. » Quand on lui cite la vision qu’ont Les Inrocks de son travail : « “Hymne à l’hédonisme triste”… Ça veut dire quoi ? » Alors que commence ce vendredi sa nouvelle tournée, Lomepal vient d’achever un circuit dans les skateshops de France. « C’était hyper sauvage, mais c’est ça qui était cool. On sortait les enceintes dans la rue nousmêmes. Il y avait une super ambiance et beaucoup de monde, c’était trop cool. Et puis, tout était filmé. » Pour lui, le skate est plus qu’un passetemps. Une pratique intense lui a valu pas mal de fractures et… une culture musicale élargie, qui va de Janis Joplin à Superpoze. « J’ai connu plein de styles de musique, avec les vidéos de skate que je regardais à partir de 10 ans. Du coup, y a plein d’artistes dont je ne connais qu’un morceau, mais qui rendent ma culture vachement large. »

Un alliage de genres

Lomepal ne se définit pas comme rappeur. Il renie le titre « Bien que j’lutte » dans son EP 20 Mesures, où il chantait : « J’lâche ce vent de nouveautés pour porter un vrai message prenant (…) C’est juste qu’il n’y a plus de rap vrai. » « Je me déteste d’avoir dit des trucs comme ça, explique le musicien. Vraiment. Parce que, en vrai, il n’y a pas de rap vrai ni de légitimité à faire du rap. Avec Flip, je n’ai pas fait un album de rap. J’essaie de faire ma musique : un truc qui soit différent du reste. C’est plus artistique que sportif et, pour moi, le rap, c’est sportif. » Difficile à saisir, sauf pour ses fans. L’artiste retient trois titres de son album pour présenter son style : « “Bryan Herman” explique ma passion du skate; “Yeux disent”, pour le côté féminin et romantique ; et puis, il y a dans l’album le truc un peu mongol, un peu agressif, genre ”Pommade” ou “Billet”. » Un alliage de genres qui lui a valu pas mal d’insomnies : « Je n’arrivais pas à faire cet album comme je le voulais. J’ai mis deux ans pour réussir à comprendre ce que j’allais raconter. C’était trop dur. A certains moments, j’ai vraiment perdu espoir. J’ai eu de la chance. » Tourné vers la suite, Lomepal repart avec son fidèle compagnon, son skate. Direction le tournage du clip de “Bryan Herman”. L’homme pâle glisse tranquille­ment pour se faire une place au soleil avec une dernière vanne : « C’était pour 20 Minutes, c’est ça ? C’est cool. Je lisais ce journal quand j’allais à l’école quand j’étais petit. C’était gratuit. »

« “Flip” est plus artistique que sportif. Et, pour moi, le rap, c’est sportif. »

Lomepal

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Le Flip Tour du musicien parisien, 25 ans, s’achèvera en octobre 2018.

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