20 Minutes (Marseille)

Ceci n’est pas un (autre) dérapage

Emmanuel Macron assume sa petite phrase sur le « bordel foutu » par les manifestan­ts

- Thibaut Le Gal

En déplacemen­t mercredi à Egletons, en Corrèze, où il a été chaudement accueilli par des salariés et ex-employés de GM&S, Emmanuel Macron a créé la polémique. Au président de région, qui évoquait les difficulté­s à recruter d’une entreprise du secteur, le chef de l’Etat a glissé : « Certains, au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d’aller regarder s’ils ne peuvent pas avoir des postes là-bas, parce qu’il y en a qui ont les qualificat­ions pour le faire et ce n’est pas loin de chez eux. » La petite phrase a déclenché la colère des intéressés et l’ire de la classe politique. vous dit pourquoi il ne s’agit pourtant pas d’un dérapage.

V20 Minutes Il n’en est pas à sa première fois.

« Cette sortie rappelle celle sur les fainéants et les cyniques, par exemple, s’agace Ugo Bernalicis, député de La France insoumise. Ça laisse transparaî­tre son mépris de classe, une fois de plus. » D’une voix, l’opposition a rappelé que ces petites phrases étaient la « marque de fabrique » du président. C’est ainsi qu’on lui doit déjà : « Le meilleur moyen de se payer un costard, c’est de travailler », ou encore : « Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardai­res. »

Emmanuel Macron « assume sur le fond », mais il « ne savait pas qu’il était filmé, par conséquent, son registre de langage relevait du privé », a indiqué son porteparol­e Bruno Roger-Petit. Rien d’incontrôlé, donc. « Il est dans un échange avec Alain Rousset [président de la région Nouvelle-Aquitaine], capté par une perche. Les gens savent qu’il a ce caractère. Quand il faut dire les choses, il les dit », confirme Arnaud Leroy, de la direction collégiale LREM.

VVL’expression est assumée. Elle révèle sa façon de penser.

« Dans la logique de pensée d’Emmanuel Macron, la destructio­n créatrice, il y a cette idée que les fermetures d’usines ne sont pas si graves, car un nouveau monde émerge, et il faut lever toutes les barrières, analyse Eric Heyer de l’OFCE, think tank classé plutôt à gauche. Les travailleu­rs doivent s’y préparer et l’Etat a un rôle à jouer pour leur permettre de s’adapter aux métiers d’avenir. » L’économiste poursuit : « Mais il y a aussi l’idée, déjà évoquée par François Fillon ou même Lionel Jospin, que l’Etat ne peut pas tout, est inefficace, en faillite. Dans ce cas de figure, discutable selon moi, c’est à l’individu de se prendre en charge. » Arnaud Leroy reprend : « On est pour l’émancipati­on de l’individu, mais ce n’est pas la loi de la jungle. Tout ne viendra pas de l’Etat, tout ne viendra pas d’Emmanuel Macron. » Comme le disait un confrère (Victor Hugo) : « La forme, c’est le fond qui remonte à la surface. »

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Le président à son arrivée mercredi à Egletons, où il a créé la polémique.

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