Les aéroports, pistes d’avenir
Pourrait-on vivre dans les terminaux, qui ressemblent de plus en plus aux cités ?
Etes-vous déjà allé à l’aéroport pour… ne pas prendre l’avion ni y déposer un(e) ami(e)? Nous oui, pour rencontrer Franck Bauchard, directeur de l’institut Techne. Selon ce spécialiste des arts et nouvelles technologies, « L’aéroport, c’est la ville du futur : ultra-sécurisée et contrôlée, ultra-connectée et fonctionnelle. » Les aéroports sont devenus de véritables centres de vie, poursuit-il : « Ils prennent en compte de plus en plus de fonctions. Aujourd’hui, on y retrouve l’ensemble des fonctions d’une ville. » Poste, police, commerces, hôtels, transports en commun… Tout y est. Mais pourrait-on concrètement y vivre ? « Alain de Botton a fait l’expérience de passer une semaine dans un aéroport et en a tiré un livre*, raconte Franck Bauchard. L’environnement est d’une telle artificialité que ce qu’il raconte ne fait pas très envie. » Pourtant, au bout d’une heure sur place sans craindre de rater son avion, on finit étrangement par se sentir à l’aise. « L’organisation d’un aéroport ressemble à celle d’une ville, confirme Franck Bauchard. Ils ont tous été faits de bric et de broc, se sont agrandis, ont fait évoluer leurs usages et sont dépareillés. L’obsolète y côtoie l’avenir. » Comme n’importe quelle ville.
Zones vertes et réunions
Pour rassurer leurs visiteurs, et meubler leurs immenses halls, les aéroports, comme les villes, introduisent des oeuvres d’art. Et ils multiplient les zones vertes. « Celui de Singapour est le plus apprécié des voyageurs pour cette raison », note le spécialiste. Mais finalement, ce que l’on demande d’abord à une ville, c’est d’être adaptée à une vie ouverte sur le monde. Or, « tout aéroport en suppose un autre, explique Franck Bauchard. Pas mal de gens y organisent leurs réunions. Ils utilisent l’endroit comme une fin en soi. » En définitive, vivre dans un aéroport serait donc possible, mais très inconfortable. « Ce sont des lieux qui ne vivent que pour leur fonction, souligne Franck Bauchard. Surtout, il leur manque l’exotisme. Dans l’ensemble, ils sont tous pareils. » * Une semaine à l’aéroport, Flammarion, 2010.