20 Minutes (Marseille)

« Où va-t-on pour un baiser ? »

Elle se bat pour son frère, emprisonné en Tunisie pour avoir embrassé une amie

- Propos recueillis par Adrien Max

Nessim Ouadi, 33 ans, est incarcéré en Tunisie pour avoir échangé un baiser avec son amie dans une voiture. Ce cadre marseillai­s, originaire de Manosque, a fait appel du premier jugement qui l’avait condamné à quatre mois et demi de prison. Il sera rejugé ce mercredi à Tunis. Sa soeur, Ouassila, raconte son histoire à

20 Minutes. Qu’est-il exactement arrivé à Nessim, votre frère ?

Il était en week-end en Tunisie. Au cours d’une soirée ils ont décidé, avec une amie, de discuter dans une voiture, où ils se sont embrassés. Les policiers les ont contrôlés et leur ont demandé leurs papiers d’identité. Nessim est sorti les récupérer dans le coffre et a demandé leurs noms et leurs numéros de matricules pour en référer à l’ambassade. Ils ont commencé à s’énerver et à bousculer Nessim et son amie.

Comment a-t-il pu se retrouver incarcéré pour un simple baiser ?

Les policiers n’ont pas aimé que Nessim n’ait pas peur d’eux, ils les ont emmenés au commissari­at. Là, Nessim et son amie ont été accusés d’atteinte à la pudeur et aux bonnes moeurs. Il a 33 ans, jamais il ne se permettrai­t un tel dérapage. Nous sommes Franco-Algériens, nous connaisson­s bien les moeurs et il est loin d’être bête. C’est un homme aimé de tous, ses amis tunisiens se mobilisent pour le faire libérer et la pétition que j’ai lancée pour sa libération comptabili­se 50 000 signatures.

Depuis combien de temps est-il incarcéré ?

Depuis le 29 septembre. Il a été condamné à quatre mois et demi de prison, son amie à trois mois de prison pour « atteinte à la pudeur, refus d’obtempérer à un ordre de la police et outrage à un fonctionna­ire public pendant l’exercice de ses fonctions ». Le jugement a eu lieu à la vitesse de l’éclair. Il a fait appel et sera jugé ce mercredi.

Avez-vous pu lui parler ? Comment va-t-il ?

Je ne peux pas lui parler si je ne vais pas en Tunisie. Ma mère y est depuis dimanche. Elle a pu le voir lundi mais les visites, ce n’est que dix minutes par semaine. Il semble bien traité malgré la fatigue. Ses avocats ont pu le voir aussi.

Qu’attendez-vous de la décision de ce mercredi ?

Qu’ils soient libérés tous les deux car c’est de la pure hypocrisie. Où va-t-on pour une histoire de baiser ?

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Ouassila Ouadi (à droite) avec son frère Nessim dont elle espère la libération.

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