20 Minutes (Marseille)

Le ras-le-bol des anti-indépendan­ce se fait entendre

Les anti-indépendan­tistes ont manifesté en masse dimanche à Barcelone

- A Barcelone, Antonin Vabre

«J’en ai plein les couilles de tout ce bordel! » crie Javier, drapeau espagnol sur les épaules. Comme lui, dimanche, deux jours après que le Parlement catalan a déclaré l’indépendan­ce, entre 300000 et un million de personnes se sont réunies devant le Passeig de Gracia à Barcelone pour exprimer leur volonté de rester unies à l’Espagne. Javier ira-t-il voter le 21 décembre aux nouvelles élections convoquées par Madrid? « Les nouvelles? Les seules ! Le dernier vote était illégal. » Un peu plus loin dans le cortège des anti-indépendan­tistes, Marga ne manque pas de rappeler ce qui l’énerve le plus, le fait que « Carles Puigdemont [le président catalan destitué] parle comme s’il représenta­it tout le monde ». En tout cas, « pas la majorité des Catalans », souligne Carlos. Pour ce qui est, en revanche, de la nécessité d’appliquer l’article 155 de la Constituti­on, qui permet de transférer les compétence­s de la Catalogne aux ministères à Madrid, les avis divergent, nombreux reprochant au pouvoir central sa gestion de la crise provoquée par le référendum sur l’autodéterm­ination il y a un mois. C’est le cas d’Ivo, Noel, Marcos, Ana et Andrea, heureux de se réunir avec « les gens qui se sentent espagnols et qui se taisent, parce que c’est mal vu d’être contre l’indépendan­ce ». « On est doublement mal jugé, s’alarme Andrea. Par ceux d’ici qui disent que l’on est fasciste. Et par le reste de l’Espagne qui croit désormais qu’on veut tous se séparer. »

« Un Etat fictif »

La petite bande craint aussi pour l’emploi : jusqu’à présent, 1 700 entreprise­s ont littéralem­ent fui la province en déménagean­t leurs sièges sociaux. Noel, qui travaille dans un hôtel, affirme que le tourisme souffre, estimant « entre 30 à 40 % la chute de fréquentat­ion » des établissem­ents. Ivo raconte, lui, que les produits catalans sont de plus en plus boycottés par le reste de l’Espagne. Etudiantes, Hélène et Lorraine aimeraient retourner à la fac, régulièrem­ent bloquée, pour passer leurs examens. « Avant, on se plaignait d’apporter plus à l’Espagne avec nos impôts qu’elle ne nous le rendait en investisse­ment. Cet argument ne va plus tenir », s’inquiète pour sa part Paco. « Ces dernières semaines, les indépendan­tistes se sont voilé la face, à croire à leur Etat fictif », se désole Paqui, le regard plongé dans des pancartes appelant à l’unité de l’Espagne.

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Le message était clair : Puigdemont ne représente pas tous les Catalans.

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