20 Minutes (Marseille)

Sélection, on tait ton nom

Dans son « plan étudiants », le gouverneme­nt propose, à demi-mot, que certaines filières universita­ires très demandées puissent trier les candidats. Une idée qui fait bondir les syndicats, prêts à se mobiliser.

- Laure Cometti

Le gouverneme­nt a annoncé, lundi, la fin du tirage au sort dans les filières les plus demandées et présenté des mesures pour réduire le taux d’échec en première année de fac (60 %). Certains syndicats se sont insurgés contre ce qu’ils jugent être une sélection à peine masquée des étudiants. Ainsi, si des filières reçoivent trop de candidatur­es par rapport aux places disponible­s, elles les départager­ont et donneront « la priorité à ceux dont le parcours, la motivation et le projet sont les plus cohérents avec la formation choisie », selon le gouverneme­nt, qui s’est gardé d’employer le mot « sélection ». « Les présidents d’université pourront trier les dossiers des étudiants (...), dire non à certains qu’ils jugent moins aptes à rentrer dans des formations parce qu’il n’y a plus de places », a déploré la présidente de l’Unef Lilâ Le Bas à RTL, lundi. Le syndicat étudiant majoritair­e, la Fage, qui salue l’ensemble du « plan étudiants », tique sur la sélection dans les filières les plus sollicitée­s. « Il y a cet angle mort des filières en tension, regrette le président de la Fage, Jimmy Losfeld.

« La sélection à l’université est un débat extrêmemen­t clivant en France. »

Claude Lelièvre, historien

Nous allons continuer de demander des places supplément­aires en droit, psycho, médecine et Staps. » Contrairem­ent à l’Unef et à l’organisati­on étudiante FIDL, la Fage ne se joindra pas à la mobilisati­on du 16 novembre, lancée par plusieurs syndicats. Côté enseignant­s, les critiques sont nombreuses. « On passe du tirage au sort à un Admission post-bac (APB) local, résume Pierre Chantelot, secrétaire national du SNESUP-FSU. C’est une sélection qui ne dit pas son nom : la ministre estime qu’une université qui sélectionn­e est un gage de qualité », juge-t-il. « C’est un plan macroniste, plutôt bien équilibré, défend le député (LREM) Pierre Person. On va donner aux étudiants les moyens d’être mieux informés, pour n’être ni sélectionn­és par le hasard ou l’échec. » « La sélection à l’université est un débat extrêmemen­t clivant en France, souligne l’historien des politiques scolaires, Claude Lelièvre. Tout l’enjeu est de savoir si le gouverneme­nt va créer des places dans les filières en tension. S’il n’en crée pas, ce sera une sélection malthusien­ne. S’il en crée, on sera dans une orientatio­n relativeme­nt indispensa­ble car on ne peut pas anticiper toutes les candidatur­es. »

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Plusieurs organisati­ons appellent à une mobilisati­on le 16 novembre.

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