Une protéine pour « briser » la glace
Des chercheurs ont découvert une protéine qui ralentit la recristallisation
Des chercheurs de l’université de Warwick, en Angleterre, du Centre de Recherches et d’Etudes Européen de Saint-Gobain à Cavaillon, Vaucluse, et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), ont découvert une protéine antigel biodégradable : la polyproline. 20 Minutes vous explique les applications possibles liées à cette découverte.
Comment cette découverte at-elle été possible ? Elle est le fruit du travail de deux équipes de chercheurs. Celle de l’université de Warwick travaille sur la cryogénisation des cellules, qui permet leur conservation à des températures très basses (-196°C), dans l’espoir de les ressusciter. L’équipe du centre de recherche de Saint-Gobain, rattaché au CNRS, fait, elle, des recherches sur la céramique, et notamment ses utilisations industrielles. « On se sert des cristaux de glace pour élaborer des céramiques poreuses. Nous sommes capables de contrôler la croissance des cristaux, c’est ainsi qu’on a contribué à comprendre comment la protéine fonctionne », explique Sylvain Deville, du centre de recherche de Saint-Gobain.
Comment agit cette protéine ? Elle est composée d’une alternance de parties hydrophiles, c’est-à-dire attirées par l’eau, et hydrophobes, qui repoussent ou sont repoussées par l’eau. Cette particularité permet à la polyproline de bloquer la recristallisation. « Quand on congèle de la glace à la vanille, au bout d’un certain moment des paillettes se forment et grossissent ce qui est dommageable pour les cellules. Cette protéine permet de ralentir l’apparition de cristaux », détaille Sylvain Deville. La polyproline est aussi biodégradable.
Quelles sont les utilisations possibles ? La polyproline trouve des utilisations principalement dans la cryogénisation de cellule, comme les cellules reproductrices, les globules rouges et le sang. « Ça permettrait d’améliorer les procédés, il y a toujours des pertes de cellules. On doit aussi ajouter des solvants pour éviter la croissance de cristaux de glace, qu’on élimine ensuite », ajoute le chercheur.
Des applications dans l’agroalimentaire sont également envisageables, comme avec l’exemple de la glace à la vanille. A terme elle pourrait également permettre la cryogénisation de tissus, voire d’organes.