Les syndicats de policiers pas convaincus par les mesures contre le harcèlement de rue
Les syndicats de policiers jugent les mesures de Macron
Alexandre Langlois, secrétaire général du syndicat Vigi ministère de l’Intérieur, n’en démord pas : les mesures annoncées samedi par Emmanuel Macron pour lutter contre le harcèlement de rue et les violences faites aux femmes sont compliquées à mettre en oeuvre et « ne permettent pas de régler le problème ». « C’est une opération de com », tranche-t-il. La création, par exemple, d’un « délit d’outrage sexiste qui sera verbalisable immédiatement pour un montant dissuasif » n’a pas manqué de faire réagir des policiers sur Twitter, certains relevant qu’un délit ne peut pas faire l’objet d’une contravention. D’abord, « il faut que la victime dépose plainte. [Puis] il y a une procédure judiciaire », rappelle Alexandre Langlois.
« On ne peut pas donner qu’une réponse pénale à un problème de société. »
Denis Jacob, Alternative Police
Si le magistrat décide de poursuivre, une enquête sera menée : chaque partie sera entendue, les vidéos visionnées… Chronophage, la procédure aurait le mérite de montrer « que la victime d’un harcèlement de rue est prise en considération ». En revanche, si l’objectif est de faire du harcèlement de rue une contravention, « il sera compliqué pour les policiers de la caractériser », insiste pour sa part Denis Jacob, secrétaire général du syndicat Alternative Police CFDT. Parce qu’ils ont « déjà la tête sous l’eau » et que, actuellement, cette infraction n’est pas, pour l’instant, clairement définie dans la loi – un texte devrait néanmoins être présenté au Parlement en 2018. Emmanuel Macron a également indiqué qu’un « signalement en ligne pour les victimes de violences, harcèlements et discriminations » sera mis en place « dès le début de l’année prochaine ». Un système qui permettra à la victime d’être accompagnée dans ses démarches, sans plus avoir besoin de se déplacer, mais qui divise les syndicats. Pour Alexandre Langlois, il « déshumanisera l’écoute, dans un moment où la personne a besoin justement d’être prise en considération ». Denis Jacob estime, lui, qu’il sera « peut-être plus facile [pour la victime] d’expliquer ce qu’elle a vécu derrière un écran d’ordinateur ». Le secrétaire général d’Alternative Police CFDT constate surtout que les commissariats « ne sont pas organisés pour accueillir dans de bonnes conditions les victimes ». Et de juger nécessaires la présence de psychologues « avant la prise de plainte » et une meilleure formation des policiers aux violences faites aux femmes lors de leur scolarité. « Les policiers sont le dernier maillon de la chaîne, reprend Denis Jacob. Mais on ne peut pas donner qu’une réponse pénale à un problème de comportement en société. »