20 Minutes (Marseille)

Les poussières de métaux inquiètent

A Mange-Garri, les riverains redoutent les effets des déchets stockés par Alteo

- Mathilde Ceilles

Pendant des semaines, ces rejets liquides ont défrayé la chronique. Durant un demisiècle, Alteo a rejeté des boues rouges polluantes dans les calanques de Marseille. Mais depuis, selon l’industriel, le flux liquide de métaux rejeté dans les calanques a été réduit de plus de 99 %, et l’usine a modifié ses procédés, gardant à terre les boues solides. Mais les riverains s’inquiètent de l’impact de ces déchets solides sur leur santé. Chaque année, 300000 tonnes de résidus secs sont stockées sur le site de Mange-Garri, à Bouc-Bel-Air, selon les chiffres communiqué­s par Alteo à 20 Minutes. « Ces poussières contiennen­t des métaux lourds, des petites particules, et nous avons peur qu’elles pénètrent jusque dans les poumons de nos enfants », s’alarme Virginie Urtado de l’associatio­n des parents d’élèves de l’école de la Bergerie, toute proche du site.

Le risque n’est « pas exclu »

Dans une note publiée en janvier dernier sur la pollution des sols à proximité du site de Mange-Garri, l’Agence nationale sécurité sanitaire alimentair­e nationale (Anses) relevait d’importants taux de plomb et d’arsenic. Elle concluait que ces résultats « ne permettent pas d’exclure un risque sanitaire au niveau local ». L’interpréta­tion de ces quelques lignes divise les opposants et Alteo. « Quand ils disent “pas exclu”, c’est que c’est possible, c’est compliqué pour eux de se positionne­r plus », affirme Olivier Dubuquoy, président de l’associatio­n Nation Océan et chef de file des opposants. « A un moment, il faut sortir du langage technocrat­ique et appeler un chat un chat, s’agace Eric Duchenne, directeur industriel chez Alteo. Il faut arrêter de se faire peur et comprendre les études qui disent qu’il n’y a pas de risque avéré. » Cette étude n’a en effet pas permis d’établir les liens entre la présence importante de plomb et d’arsenic dans les sols et le site d’Alteo. Ce taux de concentrat­ion pourrait aussi s’expliquer par d’autres facteurs polluants dans cette zone toute proche de l’étang de Berre, ou par les caractéris­tiques géologique­s des terrains. Yves Noack, chercheur au CNRS, va lancer au printemps prochain une autre étude, fondée sur des prélèvemen­ts de terre dans les potagers voisins. Un site témoin va être également étudié en parallèle. Les résultats seront communiqué­s en 2019.

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Près de 300000 tonnes de résidus secs forment ces boues rouges.

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