La data, une menace pour les libertés individuelles ?
Certains craignent que ce projet nuise aux libertés individuelles
C’est une première en France, peut-être même en Europe. A compter du premier trimestre 2018, Marseille a pour ambition d’utiliser les données numériques pour améliorer la sécurité des Marseillais, et même prédire certains événements avant qu’ils ne se produisent.
Caméras et Twitter
Pour cela, la municipalité, et en particulière son adjointe déléguée à la sécurité publique et à la prévention de la délinquance Caroline Pozmentier, mise sur le Big Data. Ce terme désigne une masse monumentale de données informatiques que Marseille aimerait voir traiter via une plateforme technologique dédiée. Les données exploitées seraient, par exemple, les images de vidéosurveillance ou des caméras de la RTM, les mains courantes des services constatant des faits de dégradation de biens publics, les données des marins-pompiers les données fournies par la circulation ou encore les réseaux sociaux. Ces données seraient ensuite croisées pour « prédire » les événements à venir selon les risques potentiels, ou aider les autorités à réagir en cas de crise. « C’est comme si on réunissait dans une même pièce, en temps réel, un responsable du bataillon des marins-pompiers de Marseille, le directeur de la sécurité publique, le directeur du Samu et les élus compétents », se réjouit Caroline Pozmentier. Mais la philosophie du projet inquiète certains.« Au niveau des données personnelles, c’est une horreur, affirme Thierry Vallat, avocat spécialisé en droit numérique. On vous scanne en permanence, on vous traque, on sait où vous allez. On est de moins en moins libre avec ce type de procédés, devenus très intrusifs dans l’intimité de chacun. ». Félix Tréguer cofondateur de la quadrature du Net, est de son côté sceptique quant à l’efficacité des algorithmes prédictifs. « Ça ne fait que redire des choses déjà observables, voire induire en erreur. »