Après le naufrage, le grand large
Tant pis pour le cliché : Christopher Pratt donne rendez-vous au « Bar de la Marine ». C’est bon signe, il n’est donc pas devenu allergique aux noeuds de chaise et décors marins. « Franchement, ça va. J’ai mal dormi pendant les quelques jours qui ont suivi, bien sûr, mais je ne me sens pas traumatisé », raconte le skipper marseillais, dont le multicoque a chaviré il y a un peu plus d’un mois, sur la Transat Jacques-Vabre. Un accident qui a failli lui coûter la vie : Pratt s’est retrouvé projeté hors du bateau, coincé sous le filet. « Je ne suis pas du genre à me dire “oh mon Dieu, j’ai failli mourir”. C’est comme quand tu plantes une bagnole, il y a une culpabilité… On a mis un bateau à l’envers, il est perdu. C’est une responsabilité qui est dure à porter, visà-vis du sponsor, vis-à-vis de mon co-skipper Eric Defert dont c’était le projet. » Les deux gars sont restés en bons termes « même si nos chemins vont continuer chacun de leur côté », récapitule Defert, qui était en train de
« Il a longtemps été un pur compétiteur. Il se dit qu’il faut plus profiter ! »
Amandine, sa compagne
se changer au moment de l’accident. « C’est sûr qu’on aura vécu ça ensemble, mais lui vit à Marseille, moi à Brest, on mène nos différents projets. » Ceux de Christopher Pratt sont à deux doigts d’être bouclés : le skipper marseillais va participer à la prochaine transat AG2R, « avec les moyens de faire les choses bien, pour faire un résultat ». Et c’est ce qu’il aime. « Il a longtemps été un pur compétiteur, il oubliait un peu ce qu’il y a à côté, sans forcément mieux performer, d’ailleurs », balance sa compagne, Amandine. Le naufrage n’a pas tout changé, mais a confirmé un « cheminement psychologique » récent. « Il a beaucoup travaillé sur lui, s’est dit qu’il faut profiter de la vie. Etre plus dans le moment présent. » Et le naufrage, c’est « le petit signe » qui confirme ça. Le signe, aussi, que Christopher Pratt avait des progrès à faire en com : « Ce qui intéresse le grand public, c’est quand tu leur racontes une histoire ! Le post Facebook que j’ai écrit sur le naufrage, c’est la première fois que j’arrivais à écrire sur ce que je ressens en mer… D’habitude, je suis bloqué, et là, c’est sorti d’un coup. Je me prouve que je suis capable de le faire. »