Une question vaches
Le traité de libre-échange avec le Mercosur inquiète les agriculteurs français
Les agriculteurs redoutent l’entrée en vigueur d’un traité de libre-échange avec l’Amérique du Sud. Ils craignent notamment l’arrivée d’un boeuf argentin soumis à moins de contraintes que la viande européenne.
Après le Canada et son traité de libre-échange avec l’UE (Ceta), c’est le Mercosur qui inquiète les agriculteurs. Ce marché commun regroupant six pays d’Amérique du Sud (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay, Bolivie, Venezuela) est en pleine négociation pour un traité similaire. Il pourrait aboutir début 2018 à la diminution, voire à la suppression des droits de douane sur certains produits. La crainte de plusieurs fédérations départementales des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA), qui manifestent ce mardi matin à Paris? Voir arriver sur les étals des produits « qui ne respectent pas les règles sanitaires et environnementales » en vigueur en France.
Glyphosate et éthanol
Principaux accusés : le boeuf et l’éthanol (qui sert à la fabrication de biocarburants). Si un accord était trouvé, près de 70000 t de viande bovine en provenance du Brésil ou d’Argentine pourraient être importés chaque année en Europe. Ce quota resterait modeste : il représenterait environ 1 % de la production européenne et 4,5 % de la production française (chiffres de 2014). « Le tonnage en tant que tel importe peu, affirme Jérémy Decerle, président des Jeunes Agriculteurs (JA). Ce qui nous agace, c’est qu’on demande aux éleveurs français d’améliorer le bien-être animal, de faire attention à l’alimentation de leurs bêtes, alors qu’en même temps l’Europe négocie avec des pays qui n’ont pas ces exigences. Par exemple, l’Argentine n’a aucune réglementation sur l’utilisation du glyphosate. » Quant à l’éthanol, les dernières négociations prévoiraient l’importation de 600000 tonnes par an. Inacceptable pour Patrick Bénézit, secrétaire général adjoint de la FNSEA : « Si on veut développer des filières de carburants verts, il faut le faire en France plutôt que de les importer. » Si la commissaire européenne au commerce Cécilia Malmstrom estimait le 13 décembre qu’un accord avec le Mercosur « n’[était] plus qu’une affaire de semaines », la France a adopté une position beaucoup plus réservée. « Il y a encore des progrès à faire sur les normes sanitaires pour que le consommateur européen ait dans son assiette des aliments dont le suivi sanitaire est impeccable », a aussi affirmé Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur.