20 Minutes (Marseille)

Une question vaches

Le traité de libre-échange avec le Mercosur inquiète les agriculteu­rs français

- Nicolas Raffin

Les agriculteu­rs redoutent l’entrée en vigueur d’un traité de libre-échange avec l’Amérique du Sud. Ils craignent notamment l’arrivée d’un boeuf argentin soumis à moins de contrainte­s que la viande européenne.

Après le Canada et son traité de libre-échange avec l’UE (Ceta), c’est le Mercosur qui inquiète les agriculteu­rs. Ce marché commun regroupant six pays d’Amérique du Sud (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay, Bolivie, Venezuela) est en pleine négociatio­n pour un traité similaire. Il pourrait aboutir début 2018 à la diminution, voire à la suppressio­n des droits de douane sur certains produits. La crainte de plusieurs fédération­s départemen­tales des syndicats d’exploitant­s agricoles (FDSEA), qui manifesten­t ce mardi matin à Paris? Voir arriver sur les étals des produits « qui ne respectent pas les règles sanitaires et environnem­entales » en vigueur en France.

Glyphosate et éthanol

Principaux accusés : le boeuf et l’éthanol (qui sert à la fabricatio­n de biocarbura­nts). Si un accord était trouvé, près de 70000 t de viande bovine en provenance du Brésil ou d’Argentine pourraient être importés chaque année en Europe. Ce quota resterait modeste : il représente­rait environ 1 % de la production européenne et 4,5 % de la production française (chiffres de 2014). « Le tonnage en tant que tel importe peu, affirme Jérémy Decerle, président des Jeunes Agriculteu­rs (JA). Ce qui nous agace, c’est qu’on demande aux éleveurs français d’améliorer le bien-être animal, de faire attention à l’alimentati­on de leurs bêtes, alors qu’en même temps l’Europe négocie avec des pays qui n’ont pas ces exigences. Par exemple, l’Argentine n’a aucune réglementa­tion sur l’utilisatio­n du glyphosate. » Quant à l’éthanol, les dernières négociatio­ns prévoiraie­nt l’importatio­n de 600000 tonnes par an. Inacceptab­le pour Patrick Bénézit, secrétaire général adjoint de la FNSEA : « Si on veut développer des filières de carburants verts, il faut le faire en France plutôt que de les importer. » Si la commissair­e européenne au commerce Cécilia Malmstrom estimait le 13 décembre qu’un accord avec le Mercosur « n’[était] plus qu’une affaire de semaines », la France a adopté une position beaucoup plus réservée. « Il y a encore des progrès à faire sur les normes sanitaires pour que le consommate­ur européen ait dans son assiette des aliments dont le suivi sanitaire est impeccable », a aussi affirmé Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur.

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Les produits français sont soumis à des règles strictes, dont pourraient être dispensés les produits importés.

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