La cabine du Frioul résiste aux vents de la destruction
Les habitants de l’archipel du septième arrondissement veulent la préserver de la casse
Au siècle dernier, il s’en souvient, Eric l’utilisait de temps en temps. « Je prévenais ma famille que cette fois, j’allais rentrer un peu tard au Vieux-Port. C’est le témoin d’un temps qui commence à être révolu », souffle-t-il. Sur le petit archipel du Frioul, la cabine téléphonique près de la gare maritime est la dernière de Marseille. Sous ses airs banals, cette cabine a résisté aux vents, à l’explosion des smartphones, et, pour le moment, à la loi Macron (lire
l’encadré). Mais ses jours sont en danger. Depuis peu, l’écran au-dessus du combiné affiche « hors service ». Contactée, Orange confirme que les cabines toujours sur pied en France sont amenées à « faire l’objet d’un enlèvement », sans qu’il n’y ait encore une date précisément fixée. « Cette cabine sert quand il pleut, pour les gens qui attendent la navette, explique Tony, commerçant sur l’île. Ils devraient la laisser, comme on est isolé. Que va faire un bateau en perdition ici, un jour de tempête, une nuit ? La capitainerie est fermée, les commerces aussi… » « C’est dommage s’ils l’enlèvent, abonde Jean-Frédéric. C’est un symbole, un souvenir. Pourquoi ne pas l’entretenir et mettre une petite plaque, comme un monument ? »
Panneau d’affichage
« Ça sert aussi de panneau d’affichage, genre “bateau à vendre” », précise Eric. La cabine fait même partie du circuit de l’association Frioul Terre des artistes. « C’est vrai que c’est rigolo, c’est un élément beaucoup photographié , note Christian Couton, conseiller d’arrondissement délégué au Frioul. J’ai vu avec le CIQ du Frioul, et il est vrai que l’ensemble des habitants ont une volonté d’essayer de la conserver Je vais voir comment on peut faire pour qu’elle reste là. »