Loin des yeux, près du coeur
Cyrille, fan aveugle de Nantes, ne loupe pas un match à la Beaujoire
Depuis la saison 1992-1993, Cyrille Hatori ne lui a jamais été infidèle. Le FCN, c’est sa passion. Cet habitant de Savenay (Loire-Atlantique), aveugle depuis l’âge de deux mois, s’est amouraché des Canaris grâce à un son, une voix. Celle d’Antoine Thollé, journaliste à France Bleu Loire Océan. « C’était ma star, il m’a fait adorer le foot. Il vivait tellement les matchs… » Mardi soir, pour le 16e de finale de la Coupe de France entre Nantes et Auxerre, Cyrille était encore présent à la Beaujoire, dans la tribune Loire. « J’ai l’habitude d’arriver deux heures avant, de prendre mon andouillette grillée et des frites… »
« Je reviendrai »
Quelques minutes plus tard, il a pris place dans la tribune Loire. Le vacarme de la Loire l’enivre, les réactions spontanées des fans l’informent de ce qu’il se passe sur la pelouse. Souhaitant mettre son fils à l’abri d’une petite pluie fine, Cyrille a préféré s’installer en haut de la Loire. D’habitude, il prend place au coeur de la tribune populaire. Une oreille tendue vers l’extérieur, l’autre avec une oreillette dans laquelle France Bleu Loire Océan résonne. L’hymne à la Beaujoire retentit. « Oh, oh, oh, oh….», hurle-t-il, le sourire en bandoulière. La rencontre commence. Les écouteurs sont restés dans le sac, « comme je suis avec mon fils aujourd’hui », explique-t-il. A la 4e minute, coup franc pour Nantes. « A 25 m, c’est ça ? », nous interroge-t-il. Oui, à un ou deux mètres près, c’est ça. « J’arrive facilement à ressentir ce qu’il se passe sur le terrain, avec ce que j’entends autour de moi », explique ce technicien de support informatique au conseil régional. Quelques minutes plus tard, 0-3 pour l’AJA. « Oh la blague… », marmonne-t-il. Le FCN pousse. Cyrille saute au rythme des chants de la Loire. Il paraît comme transporté quand, finalement, Thomasson égalise (3-3). « C’est fabuleux, il en manque un ! », lance-t-il. Auxerre reprend définitivement les devants (3-4). Le dernier tir de Kacaniklic frôle la lucarne. Cyrille baisse la tête, comme anéanti. Sans perdre néanmoins son sens de l’humour. « Je reviendrai, parce qu’il faut bien rentabiliser l’abonnement… » Et surtout parce que Cyrille ne peut pas se passer de son FC Nantes.