Dynamisme, la délicate alchimie
L’attrait d’une zone d’habitation est-il lié à l’activité commerciale sur place ?
Le Corbusier l’avait expérimenté dans sa Cité radieuse, construite dans l’immédiate après-guerre. Un habitat où l’activité commerciale cohabitait avec les logements dans un même ensemble. Une intuition séduisante qui continue à faire fantasmer de nombreux urbanistes. Pourtant, en France, « créer de la mixité fonctionnelle, c’est-à-dire réunir les zones de vie, de commerce et de travail, est plus difficile à mettre en oeuvre qu’à coucher sur du papier », détaille Magali Talandier, maîtresse de conférences en urbanisme et aménagement du territoire à l’université Grenoble-Alpes. Et pour cause, « un centre-ville se construit sur des années, avec des flux de populations, des habitudes… Recréer cela de toutes pièces, c’est compliqué », affirme l’universitaire. Parfois ça marche, comme dans le quartier des docks à Marseille. Si sa réhabilitation récente est le fruit d’une volonté politique, son succès s’explique en partie par celui du centre commercial les Terrasses du port. Résultat : un territoire qui brille, selon Christopher Nobili, président du Club des jeunes de l’immobilier Marseille Métropole (JIM), par « son dynamisme social et économique ». Ce dernier concède néanmoins que « la plupart des gens qui fréquentent le quartier y travaillent, et, qu’à partir de 20h, les résidents sur place sont peu nombreux ».
Proximité plutôt que mixité
Pour construire cette fameuse « dynamique sociale », il serait donc nécessaire de créer une vie « commerciale nocturne ». Mais il ne faut pas tout attendre de l’action publique. Par exemple, le président du JIM cite le quartier Saint-Victor dans le VIIe arrondissement où, selon lui, l’essor commercial de la rue Sainte « a dynamisé le quartier sur le plan social et immobilier », sans intervention politique. L’essentiel pour vendre, serait « d’essayer de montrer qu’un bien est connecté au reste de la ville, et raccordé à une offre commerciale de proximité ». La mixité reste un but louable, mais on vit bien sans. C’est ce que confirme Magali Talandier. « On a assisté à une spécialisation de nos villes » par grande zone. Les Français n’aiment visiblement pas mélanger travail, domicile et sorties. Et si pour la chercheuse, l’activité commerciale reste essentielle au dynamisme d’une ville, il existe aussi « d’autres façons de créer du lien social dans son quartier ».