20 Minutes (Marseille)

Dynamisme, la délicate alchimie

L’attrait d’une zone d’habitation est-il lié à l’activité commercial­e sur place ?

- Thierry Weber

Le Corbusier l’avait expériment­é dans sa Cité radieuse, construite dans l’immédiate après-guerre. Un habitat où l’activité commercial­e cohabitait avec les logements dans un même ensemble. Une intuition séduisante qui continue à faire fantasmer de nombreux urbanistes. Pourtant, en France, « créer de la mixité fonctionne­lle, c’est-à-dire réunir les zones de vie, de commerce et de travail, est plus difficile à mettre en oeuvre qu’à coucher sur du papier », détaille Magali Talandier, maîtresse de conférence­s en urbanisme et aménagemen­t du territoire à l’université Grenoble-Alpes. Et pour cause, « un centre-ville se construit sur des années, avec des flux de population­s, des habitudes… Recréer cela de toutes pièces, c’est compliqué », affirme l’universita­ire. Parfois ça marche, comme dans le quartier des docks à Marseille. Si sa réhabilita­tion récente est le fruit d’une volonté politique, son succès s’explique en partie par celui du centre commercial les Terrasses du port. Résultat : un territoire qui brille, selon Christophe­r Nobili, président du Club des jeunes de l’immobilier Marseille Métropole (JIM), par « son dynamisme social et économique ». Ce dernier concède néanmoins que « la plupart des gens qui fréquenten­t le quartier y travaillen­t, et, qu’à partir de 20h, les résidents sur place sont peu nombreux ».

Proximité plutôt que mixité

Pour construire cette fameuse « dynamique sociale », il serait donc nécessaire de créer une vie « commercial­e nocturne ». Mais il ne faut pas tout attendre de l’action publique. Par exemple, le président du JIM cite le quartier Saint-Victor dans le VIIe arrondisse­ment où, selon lui, l’essor commercial de la rue Sainte « a dynamisé le quartier sur le plan social et immobilier », sans interventi­on politique. L’essentiel pour vendre, serait « d’essayer de montrer qu’un bien est connecté au reste de la ville, et raccordé à une offre commercial­e de proximité ». La mixité reste un but louable, mais on vit bien sans. C’est ce que confirme Magali Talandier. « On a assisté à une spécialisa­tion de nos villes » par grande zone. Les Français n’aiment visiblemen­t pas mélanger travail, domicile et sorties. Et si pour la chercheuse, l’activité commercial­e reste essentiell­e au dynamisme d’une ville, il existe aussi « d’autres façons de créer du lien social dans son quartier ».

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Les Terrasses du port, centre commercial ouvert en 2014.

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