Qui est l’imam salafiste El Hadi Doudi ?
El Hadi Doudi aurait proféré des «appels à la haine et à la violence»
Après la fermeture de la mosquée As Sunna pour six mois, son imam algérien, El Hadi Doudi, est menacé d’expulsion. Il comparaît ce jeudi devant une commission. Un avis consultatif sera rendu, puis ce sera au ministère de l’Intérieur de prendre un arrêté. Le conseil d’Etat motivait la décision de fermer cette mosquée par le fait qu’elle « a diffusé, à travers les prêches de son imam, dont certains sont publiés sur son site Internet, des appels à la haine et à la violence contre les chrétiens, les juifs, les chiites et les personnes adultères. » Une décision qui étonne un spécialiste de l’islam en France, anciennement au ministère de l’Intérieur. « Il est là depuis 1984, on connaît son appartenance au salafisme quiétiste. Il est très suivi, notamment par les services algériens. Il n’y a jamais eu de problème », explique-t-il. Nabil Boudi, l’avocat d’El Hadi Doudi, conteste les notes fournies par la préfecture de police au conseil d’Etat. « Ils ont trouvé des soi-disant prêches sur un site Internet qui n’a aucun lien avec la mosquée. Les fidèles affirment ne jamais avoir entendu d’appel à la radicalisation, avance-t-il. Les services de renseignements l’auraient repéré, surtout pendant l’état d’urgence. »
« Faire le ménage »
Abderrahmane Ghoul, vice-président du conseil du culte musulman en Paca, est plus sévère : « Cette personne savait que ce chemin ne menait à rien. C’est un discours que nous combattons, il parle avec les sentiments et les gens peuvent interpréter son discours de différentes manières. » L’ancien membre du ministère de l’Intérieur rappelle néanmoins qu’Abderrahmane Ghoul et El Hadi Doudi sont les pires ennemis depuis les années 2000 : El Hadi Doudi aurait « piqué » des fidèles à ce sympathisant des frères musulmans. Après les attentats de novembre 2013 à Paris, El Hadi Doudi avait condamné ces derniers dans une lettre adressée à François Hollande. Pour Samir Amghar, chercheur spécialiste du salafisme, comme pour Me Boudi, ce dossier est avant tout politique. « Nous sommes dans un contexte particulier, il faut donner des gages à la population. Dans l’esprit des gens, le salafisme mène à la violence, il faut donc arrêter le schéma. Si on fait marche arrière, c’est un signal de faiblesse », explique Samir Amghar. Me Boudi n’a pas beaucoup de doute quant à la décision du ministère de l’Intérieur. « Le gouvernement Philippe est en train de faire le ménage, mais il se trompe d’ennemi. On est sur de la communication pour justifier la loi de 2017 au détriment d’un individu. » Selon l’ancien membre du ministère de l’Intérieur, l’expulsion de l’imam pourrait mener à plus de radicalisation.